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 Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan

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Iwan Koslow
    Date de Naissance : 19/04/1990







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Iwan Koslow






Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan  _
MessageSujet: Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan    Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan  EmptyDim 6 Mai 2012 - 21:59

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« La curiosité est un vilain défaut », dit le proverbe, ainsi que nombreux adultes aux enfants. Et j’aurais bien été tenté de l’employer dans le cas présent. Mais encore aurait-il fallu que je me décide à parler à la jeune femme qui me suivait parfois à la trace dans le but de me questionner. Je n’avais aucune idée de la manière dont elle avait été mise au courant de mon passé, ou des quelques bribes, mais je soupçonnais fortement des hauts placés dans l’organisation des Vagabonds à l’origine de tout cela. En effet, je n’avais certainement pas rejoint cette… Je ne savais même pas le définir. Ce genre d’association, d’organisation, de secte, peut-être, et je ne savais pas vraiment en quoi tout cela fonctionnait. J’étais cependant conscient que je n’étais pas le seul à avoir cette faculté de voyager dans le temps, d’être ainsi un « Vagabond », comme ils disent, et on avait bien essayé de faire en sorte que je rejoigne leur QG, que je fasse partie de tout cela. Mais je n’avais pas quitté le passé pour rien, et certainement pas pour devoir y retourner. Je menais désormais une vie normale et n’aspirais qu’à rester ainsi. J’avais, certes, déjà entrepris quelques voyages dans le temps, mais cela s’arrêtait là. Ils avaient fini par me lâcher la grappe, mais là n’était pas le problème. Une certaine Sophia Leiden s’acharnait depuis un moment déjà à essayer d’entrer en contact avec moi, par quelque moyen qu’il soit. Je ne savais d’ailleurs comment elle avait pu dénicher mon adresse, mon numéro de téléphone et mon adresse mail, mais toujours était-il qu’elle avait beau essayer, je n’accédais toujours pas à sa demande qui était de me rencontrer. Intrigué en premier lieu, je lui avais répondu pour en savoir le but. M’interroger, me connaître mieux, voilà ce qu’elle voulait. Elle souhaitait que je lui parle de mon passé, ce qui était totalement hors de question. J’avais donc par la suite ignoré ses tentatives, et fuyais lorsqu’elle tentait de m’intercepter en rentrant chez moi. Mais elle s’obstinait. Certes, elle avait une vie, et j’avais la plupart du temps la paix. Mais quand elle avait un moment de libre et qu’elle s’y mettait, elle n’y allait pas avec le dos de la cuillère ! Mais pourquoi diable voulait-elle savoir les horreurs par lesquelles j’étais passé ? N’avais-je pas le droit à ce qu’on me fiche la paix ?

Mon humeur qui n’était déjà pas au beau fixe avait descendu d’un nouveau cran lorsqu’en sortant de mon immeuble je suis tombé nez à nez avec ladite Sophia. J’avais eu droit à un peu de calme, ces derniers temps, à tel point que j’avais failli l’oublier. Mais non, elle revenait, une nouvelle fois. Vraiment obstinée. Je la dépassais rapidement et avançais à grandes enjambées sans prendre garde à ce qu’elle me suive ou non. J’espérais que non, mais je savais qu’il en était tout autre, ce qui m’agaçait déjà. Je poursuivis néanmoins mon chemin, bifurquant dans des rues que je connaissais en direction du métro. Nous étions un dimanche, j’étais donc sorti dans le but de prendre l’air, de cesser de ruminer des idées noires. La jeune femme ne venait qu’apporter un nouveau souci à tout cela. D’ailleurs, elle me suivait à la trace, et s’était même mise à courir pour me rattraper, en répétant mon nom et en m’intimant de l’attendre, me demandant de bien vouloir lui répondre. Je restais sourd à ses appels, mais dus bien la regarder lorsqu’elle me stoppa en se postant devant moi, haletante. J’avais accéléré l’allure de façon à marcher vite, et pour une fois, je pouvais bénir ma grande taille qui me permettait de tenir une certaine cadence sans devoir nécessairement courir mais seulement faire de grands pas. Je décochais un regard noir à la demoiselle Leiden, et jetais de rapides coups d’œil aux alentours, sachant déjà ce que j’allais faire. Par chance, nous étions seuls, puisqu’arrêtés dans une ruelle peu fréquentée et un dimanche, qui plus est. Je n’attendis pas une seconde de plus, faisant fi de sa main qui s’accrochait à mon bras, et songeai à une date futuriste tout en tournant mon anneau autour de mon doigt. C’était sans doute le meilleur moyen de me débarrasser de ce pot de colle. J’atterris quelques secondes plus tard dans la même ruelle mais bien plus sombre et ouvris de grands yeux étonnés en voyant que Sophia avait été du voyage. Bon sang. Voilà une chose à laquelle je ne m’attendais pas. Comment avait-elle… Mon regard se porta sur mon bras qu’elle agrippait toujours, et je n’eus aucun mal à faire le lien, contrairement à elle qui le savait déjà certainement. Je tentais de me dégager, mais elle ne se laissait pas faire, ce qui ne fit qu’accroître ma mauvaise humeur.

- Bordel mais foutez-moi la paix !

C’était sorti tout seul, d’un ton dur et exaspéré. Et si elle ne réagit pas tout de suite, elle finit par obtempérer et je pus recouvrer la mobilité de mes membres. Elle m’indiqua aussitôt que si je faisais un nouveau voyage temporel, elle arriverait tout de même à me retrouver, puisque nos anneaux agissaient comme des GPS et qu’il lui suffisait de faire un saut à Buckingham pour savoir précisément où je me trouvais et à quelle époque. Elle avait déballé ça d’une traite, stoppant mon mouvement par la même occasion. Je ne m’attardais pas pour autant, recouvrant un état de pensées plus ou moins normal même si grandement affecté par un flot de nouvelles informations à traiter en si peu de temps. Je ne l’écoutais pas et m’éloignant de quelques mètres, songeais à une nouvelle date, encore plus lointaine dans le futur et fit tourner une nouvelle fois mon anneau.

J’atterris au même endroit, une fois encore, mais la météo n’avait pas suivi pour autant et des trombes d’eau m’accueillirent à mon arrivée. Jurant et pestant contre cette satanée pluie, je me mis tout de même en marche, conscient qu’un Buckingham futuriste n’était pas si loin que ça. Je ne savais pas tellement si c’était une bonne idée, mais je comptais sur le fait que même si c’était visiblement leur QG, ce que la métisse venait plus ou moins de confirmer, les Vagabonds ne seraient pas en grand nombre à une année si avancée dans le temps. Les promeneurs n’étaient d’ailleurs pas si nombreux, malgré que je me trouve en plein centre de Londres. Certes, nous étions un dimanche, jour de repos pour de nombreuses personnes, et la météo n’incitait guère à sortir. Mais tout de même. Je ne m’attardais pas sur cette pensée, plutôt pressé de trouver mon abri, ce que je fis, quelques minutes plus tard. Aussitôt que j’eus poussé les portes, je me sentis un brin soulagé. Un souci de réglé. Restait dorénavant à trouver un endroit isolé où personne ne viendrait me déranger de façon à ce que je puisse réfléchir tranquillement à une façon radicale pour que Sophia Leiden cesse enfin de me suivre et de me harceler.

Je croisais plusieurs personnes, mais aucune ne fit attention à moi, ce qui m’arrangeait bien. J’empruntais divers couloirs, bifurquant sans trop savoir où cela allait me mener. Du moment que je n’entende pas de bruit, je continuais. Je tenais à m’éloigner de la porte principale, bizarrement. Je ralentis finalement le pas pour inspecter les pièces qui m’entouraient. Tombant sur un premier laboratoire, ou quelque chose s’y apparentant, je sortis pour tenter ma chance dans une nouvelle pièce, qui se trouvait être à l’identique de la première. Haussant vaguement les épaules, je rentrais et fermis la porte derrière moi. Tout était calme, mis à part le bruit de la pluie tambourinant contre les carreaux des vitres. En attendant de trouver une solution, l’endroit me conviendrait parfaitement. Je doutais de toute manière que Sophia arrive réellement à me retrouver, mais ne voulais pas encore m’interroger à la manière dont j’allais m’y prendre pour rentrer chez moi si elle faisait le pied de grue devant mon immeuble. Je me devais pour le moment de chercher une façon de la sortir définitivement de ma vie. Et j’aurais bien besoin d’un certain temps pour cela, puisque la satanée brune avait ramené avec elle un flot intarissable de souvenirs desquels j’aurais préféré éviter de me remémorer.


Dernière édition par Iwan Koslow le Mar 9 Avr 2013 - 20:15, édité 1 fois
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Sophia Leiden
    Date de Naissance : 27/05/1986

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MessageSujet: Re: Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan    Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan  EmptyDim 10 Juin 2012 - 18:02

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Linkin Park - Castle of glass

Don't you wanna find out our secret?



« Tout vient à point à qui sait attendre ». Voilà ce que l’on n’avait jamais dit à Sophia Leiden. Durant toute son enfance, ses parents lui avaient dit qu’il fallait aller chercher ce que l’on voulait. Ses professeurs avaient surenchéri, trouvant impensable que l’on puisse vouloir gâcher un tel potentiel intellectuel. Et elle avait été façonnée, construite, modelée par la pensée que l’attente était pour les autres, pour les faibles. Ceux qui n’avaient pas assez de volonté pour agir en faveur de leurs désirs, de leurs envies, de leurs besoins, même. Elle était différente. Elle avait cette volonté qui leur faisait défaut, cette détermination qui lui avait permis de réussir tout ce qu’elle entreprenait. Elle n’avait encore jamais connu l’échec et se félicitait de cela, consciente qu’elle vivrait décidément très mal la moindre rencontre avec ce fait si commun mais si horrible, en même temps. Certes, il y avait eu un moment, lors de sa rencontre avec Ellan, où elle avait été traversée de doutes mais elle avait su trouver la force nécessaire pour les balayer. Que cette force ait été en partie trouvée chez le Vénusien n’y changeait rien. Non. Absolument rien.

Ainsi, même si Iwan Koslow s’acharnait à l’éviter, elle n’abandonnerait pas. Elle avait besoin de lui parler alors elle parviendrait à le faire. Cela pouvait lui prendre un certain temps mais elle n’abandonnerait pas. Elle ne cesserait pas de le suivre en se disant qu’après tout, il est possible qu’il se recroise un jour prochain et que ce jour-là, il soit d’humeur à converser avec elle. Non, ce n’était pas comme cela que cela fonctionnait dans la vie de Sophia Leiden et Iwan en faisait l’expérience depuis quelques temps. S’il était aussi intéressant à ses yeux, c’était parce qu’il était né un peu avant la seconde guerre mondiale et qu’il avait vécu cette même guerre, qu’il avait été dans des camps et maltraité de la même façon que tous les prisonniers. La seule véritable différence qui existait entre eux et lui était qu’il était parvenu à s’enfuir de son enfer grâce à son talent de Vagabond. Sophia aspirait donc à l’interroger sur ce passé dramatique mais dire que le jeune homme était réticent à cela aurait été utiliser un euphémisme. Iwan refusait totalement de communiquer avec elle depuis qu’elle lui avait dit qu’elle était elle aussi une Vagabonde et qu’elle s’intéressait à ce qu’il avait vécu. En effet, loin de trouver cette perspective attrayante, au moins pour le devoir de mémoire, il avait semblé horrifié et atterré par ce projet, à la grande surprise de la jeune femme.

Suite aux discussions qu’elle avait eues avec quelques membres haut-placés des Vagabonds, elle se doutait que ce ne serait pas facile de convaincre Iwan, puisqu’il avait même refusé de les rejoindre, mais elle ne pensait pas que cela prendrait ces proportions. C’était absolument rocambolesque la façon dont elle devait lui courir après, lui téléphoner, lui envoyer des messages, des lettres, des mails. Il lui arrivait même régulièrement de rester autour de chez lui afin de pouvoir l’aborder lorsqu’il rentrait ou sortait de chez lui mais cela ne changeait rien. Le colosse restait imperturbable et avec son mètre soixante-quatorze, elle avait beau faire ce qu’elle voulait, elle ne pouvait l’arrêter physiquement. Son entraînement de boxe n’était pas encore à ce point abouti et elle préférait éviter de risquer de blesser physiquement son cobaye, de crainte qu’il ne puisse plus parler pendant un temps, après, ou qu’il subisse des lésions mémorielles, par accident.

Quand les mêmes membres haut-placés des Vagabonds qui l’avaient informée de l’existence d’Iwan avaient été mis au courant de ce harcèlement et de la tournure que l’affaire prenait, Sophia avait brusquement été submergée de longs travaux à faire sur un temps limité et s’était trouvée coincée par eux. Elle ne pouvait refuser d’exécuter ce qui lui était demandé, surtout que ces travaux promettaient d’être intéressants, et avait ainsi diminué le temps qu’elle passait à courir après le Polonais. Cela ne l’empêchait cependant pas de le faire durant son temps-libre, au grand dam de ses supérieurs et, parfois, de son compagnon ; pourtant si accommodant. C’était pour cela qu’elle se trouvait présentement devant l’immeuble où habitait Iwan Koslow, un dimanche matin. Elle était là depuis plusieurs heures quand sa cible apparut à la porte, l’air un peu maussade. Sans s’en formaliser, elle rangea son thermos de thé dans son sac et se précipita à sa rencontre, aussi avide qu’un vautour s’approchant d’un cadavre frais.

Comme s’il ne la voyait pas, Iwan passa à côté d’elle et se mit à marcher rapidement, ses longues jambes lui permettant de la devancer sans le moindre souci. Préparée à ce que cela se passe de la sorte, Sophia le suivit de son mieux, remerciant le jeune homme de sa grande taille qui lui permettait d’être visible de loin. Elle accéléra néanmoins quand il se mit à tourner dans différentes petites rues qu’il semblait bien connaître et qui présentaient un risque aux yeux de la scientifique puisqu’elles pouvaient permettre à son cobaye de s’évaporer dans la nature. Tentant le tout pour le tout, elle se mit à l’appeler et à lui demander de l’attendre ou, au moins, de lui répondre. Elle ne savait pas le spectacle qu’elle donnait aux autres et s’en fichait éperdument, à moins que cela lui permette de rattraper sa cible. Chose qui n’arriva pas même si elle parvint, après un effort poussé, à finalement dépasser Iwan et à l’arrêter en se postant devant lui, le souffle court. Les mains posées sur ses hanches, son sac à dos harnaché à ses épaules, elle devait faire pâle figure mais ça ne la préoccupait en aucune façon. Ce qui l’intéressait restait Iwan. Ce même Iwan qui jeta soudain un coup d’œil circulaire autour d’eux. Méfiante, Sophia se saisit de son bras et s’en félicita lorsque, quelques secondes plus tard, ils furent propulsés à travers le temps, à une date inconnue d’elle-même.

L’endroit où ils arrivèrent était identique à celui qu’ils venaient de quitter, à ceci près qu’il était beaucoup plus sombre. La jeune femme n’eut cependant pas l’occasion de s’attarder davantage sur l’état du lieu puisqu’Iwan venait de s’apercevoir de sa présence. Cela indiquait qu’il ne connaissait pas encore parfaitement toutes les fonctionnalités de son anneau et Sophia se demanda comment diable il avait pu refuser la proposition des autres Vagabonds. Certes, il ne voulait pas parler de son passé mais en entrant dans ce monde composé de gens comme lui, il n’y aurait pas eu que ça. Surtout que la plupart des gens avait vécu des évènements aussi traumatisants, même si différents… Il aurait pu apprendre à contrôler son anneau, à voir ce que posséder ce pouvoir autorisait, il aurait pu aider aussi grâce à son physique hors-norme et à sa tête si charmante. Mais non. Il avait préféré tout rejeter pour mener une vie simple d’humain banal. Cela était absolument incompréhensible pour Sophia. Même elle qui n’avait jamais affectionné plus que de coutume la présence d’autrui ne regrettait pas son choix. Il était évident que sans Ellan, elle n’aurait peut-être pas connu ce monde tant affectionné, mais il n’était pas la seule raison qui le lui faisait aimer. Elle appréciait connaître l’anneau et ses pouvoirs et, surtout, pouvoir se servir de son intelligence plus efficacement que lorsqu’elle travaillait dans des aéroports. Si seulement Iwan savait ce qu’il manquait, il…

Elle n’eut pas le temps de faire aboutir sa pensée que, déjà, ce même Iwan la secouait dans le but de se défaire de son emprise. Déterminée, elle ne le lâcha pas, s’accrochant de nouveau dès qu’il parvenait à défaire sa main et il finit par cesser de se débattre, sa colère ne disparaissant pas pour autant :

- Bordel mais foutez-moi la paix ! s’exclama-t-il d’un ton aussi du qu’exaspéré. Un ton qui indiqua à Sophia qu’il était possible qu’elle soit allée trop loin.

Timidement, peu sûre de ce qu’elle faisait, elle lâcha alors le vêtement qu’elle tenait et le jeune homme en parut satisfait. Pour ne pas perdre contenance ou laisser croire à Iwan qu’il avait gagné quoique ce soit, elle l’informa alors qu’il ne pourrait pas vraiment la semer en faisant des sauts dans le temps puisque l’anneau fonctionnait comme un GPS et qu’elle pourrait le situer à partir du quartier général se trouvant à Buckingham Palace. Cela dit, elle remarqua qu’il avait été sur le point de lui fausser compagnie et fut soulagée d’avoir été dans le bon timing. Son soulagement ne dura qu’un temps, le brun s’éloignant d’elle et tournant malgré tout son anneau avec détermination. L’impulsion qu’il donna à son geste fit réaliser à Sophia qu’il se fichait de ce qu’elle lui avait dit, même s’il l’avait compris. Il voulait juste se trouver loin d’elle. Elle se frotta alors les yeux, la fatigue se faisant légèrement ressentir en elle, et commença à marcher en direction du quartier général de l’époque. Elle arriverait à le coincer, aujourd’hui. Elle aurait ses réponses, aujourd’hui. Elle en était sûre.

Une quinzaine de minutes, elle arriva à destination et y entra avec assurance après avoir montré patte blanche à l’entrée. Elle croisa quelques personnes qu’elle connaissait superficiellement et les salua sans s’arrêter de marcher, leurs pas étant assourdis par les épais tapis qui moquettaient la plupart des couloirs. Elle savait exactement où elle allait, ayant déjà fait à multiples reprises usage de cette fonctionnalité de traçage pour retrouver Iwan, et poussa avec force la porte  qui cachait la pièce de transmission. Deux Vagabonds se trouvaient déjà là : Barrington Menthrow et Gordon Stewart. Barrington était le Vagabond responsable de cette cellule, dans la trame de 2011, et Gordon, l’un des Relais de leur responsable de trame. Elle les salua nominalement puis se précipita au niveau des cartes temporelles et géographiques qui recouvraient une bonne partie des murs. Ces cartes, créées grâce à des technologiques dont ils ne disposaient pas encore à l’époque de la jeune femme, étaient très pratiques et Sophia ne mit pas longtemps à trouver celui qu’elle cherchait. Il se trouvait quelques dizaines d’années plus tard dans le futur et… A Buckingham, même. La stupeur se peignit sur ses traits mais avant que Gordon ou Barrington n’aient eu le temps de s’en apercevoir, elle avait tourné son anneau.

Une jeune femme se trouvait dans la pièce, lorsqu’elle y atterrit. D’un geste, Sophia la salua avant de consulter une nouvelle fois la carte géographique pour être bien certaine qu’Iwan se trouvât entre les mêmes murs qu’elle. Un sourire naquit malgré elle lorsqu’elle vit que cela était bien le cas et une certaine excitation se diffusa dans ses veines. Il lui était impossible de le manquer, désormais. S’élançant hors de la pièce sans fenêtres, elle arriva dans un couloir lumineux et le bruit de la pluie s’écrasant contre les vitres l’étonna. Elle ne ralentit pas pour autant, manquant de bousculer quelques personnes mais ne s’en rendant quasiment pas compte. Ils étaient de simples obstacles, dans son esprit. Rien de plus, rien de moins. Elle continua à traverser différents couloirs, dévala des escaliers, en gravit d’autres, tournant aux angles sans ralentir, martelant les tapis de ses pas et faisant hausser les yeux au ciel à quiconque la croisait. La plupart des gens la connaissaient de toute façon, en raison de son rang de scientifique et d’asociale égoïste. Il était fort à parier que le couple qu’elle formait avec Ellan Kyper était également l’une des raisons de son manque d’anonymat et que la combinaison de ces trois faits rendait pour ceux qui les connaissaient surprenant le couple en état mais ce n’était, une fois encore, pas une chose dont elle se préoccupait du moment que cela ne l’importunait pas.

Elle finit par arriver à proximité de la zone des laboratoires qu’elle occupait souvent, à différentes époques et ralentit pour retrouver sa respiration. A un mètre de la première porte, elle s’arrêta complètement et prit le temps de se calmer autant mentalement que physiquement. Deux minutes plus tard, elle poussait doucement la porte et constata avec une grimace qu’Iwan n’était pas là. Bon. Ce n’était pas si grave. Il devait sûrement être dans l’un des laboratoires qui suivait. Dans le pire des cas, elle retournerait voir où il se trouvait, en salle de transmission. Retenant son souffle, elle posa la main sur la seconde poignée et l’abaissa avant de pousser le plus silencieusement possible le battant et de constater que celui qu’elle cherchait se tenait dos à elle, comme captivé par ses réflexions. Professionnelle, elle essaya de ne pas faire le moindre bruit et pénétra dans le second laboratoire avant de fermer la porte et de la verrouiller avec le passe-partout que son statut l’autorisait à porter. Ce n’est que là, et uniquement là, qu’elle s’autorisa à se décrisper.

- Je vous avais dit que je vous trouverai, lança-t-elle nonchalamment en croisant les bras sur sa poitrine. Le jeune homme mit quelques secondes à se tourner vers elle mais l’expression de son visage était assez explicite : il était loin d’être ravi de sa présence. Pour couper court à toute exclamation haineuse, Sophia poursuivit : Vous vous êtes réfugié dans la gueule du loup, monsieur Koslow. Je vous avais prévenu du fait que je pourrais vous suivre à la trace… Vous n’avez fait que me faciliter la chose.

Elle ménagea une pause de quelques instants puis s’assit sur un tabouret, posé dans le coin de la pièce le plus proche de la porte. Le laboratoire était très clair, en partie grâce aux diverses installations électriques qui avaient été faites, en partie grâce aux grandes fenêtres qui composaient l’une de ses façades. Ils étaient dans le bâtiment central de Buckingham, celle qui donnait sur l’intérieur du parc et empêchait de discerner la moindre chose venant de l’extérieur. Comme s’il n’y avait rien, à l’extérieur. Cinq secondes passèrent. Il était temps pour la brune de reprendre la parole :

- Etait-ce un accident ou acceptez-vous finalement de répondre à mes questions ?

Sa voix était posée, tranquille. Elle ne le jugeait pas. Elle n’avait pas à le faire. Elle désirait simplement mettre les choses au clair. Cela ne voulait pas dire qu’elle le laisserait partir, si jamais il était toujours aussi peu disposé à entrer en communication avec elle. Cela voulait dire qu’elle lui offrait la possibilité de faire comme si tout était arrivé à la situation qu’il avait prévu. Mais il ne la ferait pas échouer, ça, c’était clair. Une vague de chaleur, provenant certainement des différentes machines en veille, lui parvint soudain et elle retira sa veste, machinalement, en oubliant totalement le t-shirt « I love Iwan » qu’elle arborait. Elle avait fait ce t-shirt pour contrer les rumeurs d’idylle qui étaient nées suite à la reconnaissance de son harcèlement. Ce t-shirt exagérait tant le trait que cela devenait ridicule et impensable que pour Sophia, un être autre qu’Ellan Kyper puisse l’intéresser sur le plan amoureux. En l’enfilant, ce matin-là, elle avait espéré montrer à Iwan qu’elle n’abandonnerait pas mais n’avait pas prévu qu’ils se trouveraient enfermés dans une même pièce. Pas plus qu’elle n’avait prévu qu’elle oublierait avoir choisi ce t-shirt, après sa douche.


Dernière édition par Sophia Leiden le Jeu 4 Avr 2013 - 0:48, édité 1 fois
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Iwan Koslow
    Date de Naissance : 19/04/1990







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MessageSujet: Re: Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan    Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan  EmptyMer 22 Aoû 2012 - 22:53

Le problème Sophia Leiden accaparait toutes mes pensées. La jeune femme ne semblait pas vouloir renoncer à me suivre à la trace, et j’avais beau avoir essayé de lui faire comprendre que je ne souhaitais pas le moins du monde parler de mon passé, elle s’était entêtée et n’avait pas décroché depuis. Un vrai pot de colle. Elle avait bien pris le temps de commencer à m’expliquer les raisons de son harcèlement – elle n’avait pas employé ce terme mais c’était celui le plus approprié à la situation –, mais constatant qu’elle allait en fournir une bonne liste, j’avais cessé de l’écouter assez rapidement. Le travail de mémoire, l’importance de connaître l’Histoire et d’en apprendre plus. Elle n’avait qu’à faire des recherches ! Elle était une scientifique, après tout. Elle devait bien être performante dans ce domaine. Mais cela ne résolvait en rien mon problème.

La pluie martelait les vitres et reflétait à la perfection l’humeur dans laquelle je me trouvais. Le temps s’assombrissait au fur et à mesure que l’on avançait dans le futur, en règle générale, et sans doute était-ce aussi par habitude que les pièces avaient été éclairées de façon remarquable. Et même si ladite luminosité ne faisait pas ressortir le temps extérieur, j’appréciais tout de même de regarder les gerbes d’eau battre le verre. J’étais à peu près certain que personne ne viendrait me chercher ici, et ma mauvaise humeur diminua du cran qui s’était monté suite à la venue de Sophia. Laquelle était la raison de mon enfermement dans une telle pièce. J’émis un bref grognement. Mes pensées n’allaient vraiment pas pouvoir se détacher de la jeune femme tant que je n’avais pas trouvé une solution à son sujet.

- Je vous avais dit que je vous trouverai.

Bien que je ne l’eus pas entendue venir, je me retins à temps de sursauter, commençant à m’habituer à la voir apparaître à tout moment et sans préavis. La colère m’avait fait oublier ses précédentes paroles, et il était vrai qu’elle avait affirmé pouvoir me localiser grâce à mon anneau. Je fixais un bref instant ce dernier que je portais également, me demandant bien comment c’était bien possible, avant de me retourner lentement vers mon interlocutrice. Puisqu’elle m’observait si souvent, n’avait-elle pas remarqué mes humeurs changeantes, et le fait que ce jour-là plus que tout autre jour je n’avais pas la moindre envie ne serait-ce que d’évoquer mon passé. Mais qu’est-ce qui n’allait pas chez elle ? Une liste de choses commençait à s’imprimer dans mon esprit mais fut coupée par la nouvelle prise de paroles de la brune :

- Vous vous êtes réfugié dans la gueule du loup, monsieur Koslow. Je vous avais prévenu du fait que je pourrais vous suivre à la trace… Vous n’avez fait que me faciliter la chose.

Loin de me calmer, sa déclaration ne fit qu’augmenter la colère en moi. Elle s’enfonçait, et je ne savais pas si elle en avait confiance. Je m’en fichais à vrai dire. Qu’est-ce que j’en avais à faire que je lui ai permis de me retrouver plus rapidement ? Elle était tellement acharnée que quel qu’ait été l’endroit où je me serais rendu, elle aurait trouvé le moyen de venir jusqu’à moi une nouvelle fois. Cette bonne femme commençait sérieusement à me pomper.

- Etait-ce un accident ou acceptez-vous finalement de répondre à mes questions ?

De ses bras croisés en étant debout, elle était passée à s’asseoir sur un tabouret, prenant ses aises. Je la suivais des yeux, souhaitant ardemment de la faire souffrir. Non. Je l’avais assez vécu pour ne surtout pas vouloir que n’importe qui subisse une souffrance physique, quelle qu’elle soit. Je sentais cependant que la colère m’amenait à ne pas souhaiter que du bien pour la demoiselle Leiden. Tranquillement installée non loin de la porte qu’elle avait dû fermer en arrivant, elle ne me quittait pas des yeux non plus, nullement troublée par le regard haineux que je lui lançais. Elle se débarrassa soudainement de sa veste, et si le geste n’avait pas une importance en soi, le tee-shirt qu’elle portait, lui, en avait. L’inscription « I love Iwan » contrait la simplicité du vêtement, et je ne pus m’empêcher d’ouvrir de grands yeux en le voyant. Cette femme ne s’arrêterait donc jamais ? Jusqu’où allait-elle aller ? Elle était sacrément mordue ! La faire abandonner allait relever de l’exploit, mais j’étais résolu plus que jamais à le faire. Je me félicitais intérieurement de ne pas avoir tant de connaissances que cela dans mon carnet d’adresses, et un nombre restreint de plus approfondies, avec une femme telle que Sophia se baladant avec un tel tee-shirt. Mais surtout, de n’avoir rien à faire avec les Vagabonds. L’éviter à leur QG aurait été un bien plus grand exploit, et les regards déjà attardés sur ma grande taille auraient pu prendre une autre signification du moment qu’on savait mon prénom. Il n’était pas des plus courants en Angleterre, et l’aurait encore moins été si j’avais accepté de rejoindre leur groupe. Heureusement que je n’en avais rien fait.

Je me levais finalement et me tournais complètement vers la fenêtre, tâchant de me contenir. Essayer de passer par la porte ne devait pas être impossible même si elle tentait de m’en empêcher, au vu de son petit gabarit. Mais il n’était pas exclu qu’elle ait verrouillé la porte au préalable. Qui plus est, elle était bien fichue de crier ou de faire quoi que ce soit pour me retenir. Je pouvais me servir à nouveau de mon anneau, mais elle allait une fois de plus courir à l’endroit lui permettant de me repérer, et me suivre quel que soit ma destination. La solution de facilité était de fuir une nouvelle fois mais je me retins, préférant prendre exemple sur le calme de Leo et tâcher de la convaincre que me laisser tranquille était ce qu’elle avait de mieux à faire. J’étais fatigué de la voir me suivre comme un chien, et d’être obligé de rallonger certains de mes trajets pour l’éviter. Je ne savais pas combien de temps j’allais encore le supporter. Je pouvais sans doute le reporter à la police, surtout que j’y avais des contacts, mais préférais ne pas en arriver à ce point. Elle ne m’agressait pas, après tout, même verbalement il n’y avait rien à redire. Mais tout de même.

Me retournant vers la jeune femme qui n’avait pas bougé autre part que sur son siège, je lui demandais finalement, non sans lui faire signifier par le ton de ma voix que je n’étais pas le moins du monde ravi, et qu’il y avait des limites :

- Que voulez-vous savoir ?

Elle commençait déjà à s’exciter en voulant me répondre immédiatement « Je vous l’ai déjà dit, je… », mais je la coupais rapidement :

- J’ai mal formulé. En fait, ce que vous voulez savoir ne m’importe pas autant que le pourquoi. Et laissez de côté toutes vos conneries sur le travail de mémoire ou de je ne sais quoi. Si vous vous êtes un minimum renseignée sur le lieu, et je ne doute pas de vos capacités à le faire, vous savez que des gens en ont déjà parlé. Vous savez qu’il y a eu des témoignages, des livres, d’anciens déportés sont encore en vie. Et ils sont accessibles à tout le monde.

J’avais réussi à passer au-dessus de l’horreur que m’inspirait le camp et à y retourner, plus de soixante ans plus tard. Je n’aurais pas su dire si je m’étais forcé à lire les témoignages ou si je n’avais pas pu m’en empêcher. Je revoyais les scènes se jouer dans ma tête en lisant, et mesurais pleinement ma chance d’en avoir réchappé. Je comprenais qu’il fallait en parler, mais ne voyais pas pourquoi je devais le faire, moi, alors que j’étais justement un des chanceux, si un tel mot puisse être utilisé ainsi.

Pourquoi cette femme voulait-elle absolument m’entendre dire toutes les horreurs qui résultent de ce camp ? La curiosité devait primer. L’envie de savoir. Je m’étais abstenu de me renseigner à son propos, sachant que, pour ce faire, je devais interroger des Vagabonds ou des personnes de son entourage qui ne manqueraient pas de lui rapporter ce que j’avais fait. Et cela ne ferait qu’augmenter sa détermination. J’avais donc évité, et avais simplement retenu ce qu’elle avait pu me dire ou m’écrire à son propos. Elle était une scientifique, et de ce que j’avais pu en comprendre, pas des moindres. Peut-être était-elle encore trop jeune pour être connue dans Londres ailleurs qu’en tant que Vagabonde, je n’en savais trop rien. Je n’avais en tout cas rien pu dénicher sur le net. J’étais cependant conscient qu’elle était bornée et qu’elle ne baissait en aucun cas les bras, bien que j’aie pu noté que sa présence s’était réduite progressivement au fil du temps, à mon grand bonheur.

- Je vous ai déjà dit que je ne veux pas en parler. Et ce n’est pas parce que je suis celui à votre directe portée que cela vous donne le droit de me harceler ainsi pour me faire parler d’un passé contre ma volonté. Qui plus est, vous n’avez pas besoin de savoir. Vous n’allez certainement pas en mourir.

Mon ton âcre était voulu. J’essayais autant que je le pouvais de me montrer civilisé, mais je ne comprenais décemment pas cette femme. D’ailleurs, pour une fois, elle était bien silencieuse. Sans doute était-ce parce que je me décidais à enfin lui adresser réellement la parole, bien que ce ne fut pas dans les meilleurs termes. Et puisqu’elle se taisait et qu’il me semblait avoir bien mis les choses au clair, une nouvelle fois, autant en profiter.

- Pouvez-vous me laisser tranquille, à présent, s’il vous plaît ?

Je me retenais de lui cracher ces mots, de lui crier dessus et de me maîtriser au maximum, mais cela n’était pas des plus simples. Sophia Leiden me mettait hors de moi. Elle n’avait vraiment pas choisi le bon jour pour m’aborder aussi sérieusement, mais peut-être allais-je pouvoir en profiter pour lui faire admettre une bonne fois pour toute qu’elle se devait de s’arrêter. L’espoir fait vivre, après tout. Comme j’avais pu l’expérimenter, pensais-je amèrement.


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MessageSujet: Re: Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan    Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan  EmptyMar 4 Sep 2012 - 0:25

Le regard horrifié qu’Iwan lui lança fit baisser à Sophia les yeux sur son t-shirt. Le reconnaissant d’un coup d’œil, elle se sentit divisée entre la lassitude et la satisfaction. Elle était heureuse d’exaspérer Iwan après toutes les difficultés qu’elle avait eu à le piéger mais était consternée par la coïncidence qui faisait que le jour où elle se trouvait enfin dans une situation d’interaction avec Iwan soit également le jour où elle mettait le t-shirt supposé lui montrer qu’elle continuerait à le harceler jusqu’à ce qu’il craque. Déjà qu’il ne paraissait que très moyennement décidé à lui parler, là, elle devait certainement avoir fini de le braquer. Et elle était quasiment sûre d’user d’euphémismes.

Après quelques secondes à la dévisager avec l’air d’avoir envie de lui arracher la tête, il la lâcha finalement du regard, repoussant à plus tard leur confrontation, et se leva pour se tourner vers la fenêtre. Vu ainsi de dos, il paraissait encore plus grand qu’il ne l’était puisque rien ne venait briser la ligne nette dessinée entre ses hanches et ses épaules. Un léger rétrécissement, un peu après la taille, éventuellement mais c’était tout. Et Sophia se rendait compte que s’il désirait lui faire du mal physiquement, ce n’était pas sa hargne naturelle, ni même ses cours de boxe qui l’aideraient à se défendre. Contrairement à ce qu’elle avait pensé, jusque là, il y avait même peu de risque qu’elle le blesse accidentellement s’il décidait à la coincer dans sa poigne ou simplement à la repousser loin de lui. Par chance, il se trouvait qu’Iwan Koslow n’était pas un adepte de la violence. Sûrement était-ce du à ce qu’il avait enduré, plus jeune. Cela n’encourageait pourtant pas Sophia à le ménager. Affronter ses démons était la meilleure des choses à faire pour les détruire, de son point de vue. Certains auraient pu lui reprocher cela en disant qu’elle n’avait jamais eu à affronter quelque chose d’aussi massif mais elle leur aurait fermé leur clapet en leur disant la même chose. De plus, parler faisait du bien. C’était un fait reconnu de tous. Elle l’aiderait en l’amenant à lui raconter ce qu’il avait vécu et vu. Elle ne voulait que son bien, au final, et il se trouvait que ce bien concordait avec ce dont elle avait besoin pour ses recherches. Le monde était décidément bien fait. Dommage qu’Iwan s’obstine à ne pas le remarquer.

- Que voulez-vous savoir ? demanda-t-il brusquement après s’être retourné vers elle.

La question la prit au dépourvu autant qu’elle l’enchanta et, sentant que l’occasion ne se présenterait pas deux fois, elle s’empressa de formuler un début de réponses mais Iwan l’interrompit avant qu’elle ne soit arrivée au cœur même des choses :

- J’ai mal formulé, dit-il sans se départir de son ton agacé. En fait, ce que vous voulez savoir ne m’importe pas autant que le pourquoi. Et laissez de côté toutes vos conneries sur le travail de mémoire ou de je ne sais quoi. Si vous vous êtes un minimum renseignée sur le lieu, et je ne doute pas de vos capacités à le faire, vous savez que des gens en ont déjà parlé. Vous savez qu’il y a eu des témoignages, des livres, d’anciens déportés sont encore en vie. Et ils sont accessibles à tout le monde.

Elle l’écouta sans dire un mot. Elle comprenait ce qu’il voulait dire, là où il voulait en venir et était consciente qu’elle allait devoir se montrer très claire et concise dans sa réponse pour espérer le convaincre. Soudainement, elle se rendait compte qu’Iwan ne l’avait pas repoussée parce qu’il ne voulait pas qu’on l’aide mais parce qu’il pensait qu’elle allait l’enfoncer avec sa curiosité. Or, elle, tout ce qu’elle voulait, c’était connaître la vérité et dans cette situation-là, elle savait que la vérité ne se trouvait pas dans les livres, ni dans les témoignages. Les mémoires avaient été abîmées. Les phrases tronquées. Les évènements extrapolés. Et même ceux qui faisaient figure de référence, tels que le Journal d’Anne Frank ou Si c’est un homme de Primo Levi ne lui allaient pas. Elle voulait les ressentiments purs, soustraits à la coquille du souvenir, elle aspirait à comprendre les relations entre prisonniers et gardiens, elle voulait du vif, du spontané. Pas du médité, du bien dit. Les belles tournures de phrase, les jolis mots condamnaient la vérité quand elle existait et qu’ils ne la créaient pas.

- Je vous ai déjà dit que je ne veux pas en parler, continua-t-il avec la même détermination et la même âpreté dans le son de sa voix. Et ce n’est pas parce que je suis celui à votre directe portée que cela vous donne le droit de me harceler ainsi pour me faire parler d’un passé contre ma volonté. Qui plus est, vous n’avez pas besoin de savoir. Vous n’allez certainement pas en mourir.

Il avait raison tout en ayant tort. Raison lorsqu’il disait qu’elle dépassait les bornes mais tort quand il avançait que ne pas avoir de réponse ne serait pas cause de mort. Sophia avait toujours été habituée à connaître les réponses des questions qu’elle se posait. Si ses parents, son entourage ou les livres ne pouvaient lui répondre, elle expérimentait ou théorisait mais, toujours, elle obtenait une sentence finale qui pouvait largement servir de réponse. Dans le cas présent, ce problème de mémoire, elle avait essayé, sincèrement essayé même, de régler le problème de cette façon mais cela n’avait pas fonctionné et elle était toujours aussi absorbée par la question. Parfois, la nuit quand Ellan dormait, elle se réveillait doucement et se prenait à penser à ça. Dès qu’un temps livre se présentait à elle, le problème revenait invariablement la titiller et combiné à son impatience chronique, cela avait conduit à la situation dans laquelle elle et Iwan se trouvaient présentement. A savoir un « j’en ai assez » mutuel bien que davantage présent chez la victime de l’affaire. Mais Sophia était prisonnière de la question autant qu’Iwan devait se sentir prisonnier de sa présence. Cela lui apparaissait désormais aussi clairement et logiquement que le résultat d’une opération mathématique.

- Pouvez-vous me laisser tranquille, à présent, s’il vous plaît ? demanda-t-il après quelques secondes de silence en laissant deviner qu’il contenait difficilement la colère que l’on sentait poindre derrière chacun de ses mots.

Une légère nausée se manifesta en Sophia tandis qu’elle réalisait son réel statut par rapport à la situation. C’était à peine si elle avait entendu la question d’Iwan. Elle remit sa veste pour contrer sa nausée et considéra son interlocuteur sous un angle nouveau. Un angle qui disparut rapidement, emporté avec la nausée, pour laisser place aux mots du jeune homme qui se matérialisèrent dans l’esprit de Sophia et lui firent ressentir le besoin d’y répondre sans passer par le schéma habituel. Elle avait envie de spontanéité, elle devait donner l’exemple.

- J’ai lu les témoignages, déclara-t-elle ainsi en soutenant le regard de son interlocuteur sans faillir, j’ai visité les camps, je suis même retournée dans le passé pour expérimenter et comprendre sans avoir besoin de l’aide de quelqu’un. Mais ça n’a pas suffit.

Elle laissa passer une seconde, le temps qu’il comprenne tout ce que ses mots impliquaient et se mette à imaginer la suite de ses paroles puisqu’il donnait l’impression de réfléchir énormément.

- Je n’avais pas cette peur que vous avez du éprouver. Je savais ce qui allait se passer tout comme je savais qu’il fallait simplement que je tourne mon anneau pour être en sécurité. L’horreur, je l’ai vue mais je ne l’ai pas comprise. Je comprends que vous ne désiriez pas en parler mais vous, vous devez vous rendre compte que cela ne m’empêchera pas de continuer à vous harceler. Vous m’avez laissé voir ce que vous pensiez de moi et de mon projet. Je ne peux pas vous jeter la pierre mais je dois vous dire que vous vous trompez lorsque vous dites que ne pas savoir ne me tuera pas. J’ai besoin de connaître les ressentis purs de cette période, sans le filtre des mots ou du temps. Je sais que vous vous en êtes sorti il y a plusieurs années, maintenant, mais cela fera toujours moins de déformation que pour ceux qui ont écrit des livres ou racontent ce qui s’est passé. Il n’y aura pas le prisme littéraire pour déformer la réalité. Il n’y aura que de la spontanéité. Après, si vous me dites que cette spontanéité, vous ne pourrez pas me la fournir, je vous laisserai. Pas parce que je vous croirai mais parce que j’ai horreur des menteurs.

Elle se tut et fit passer son regard sur la vitre derrière Iwan. La pluie tombait toujours à flots et s’écrasait vigoureusement contre les carreaux, encourageant les pensées à s’échapper de la tête de ceux qui la regardaient. Cela permit à Sophia de s’apercevoir qu’elle avait oublié de dire quelque chose lorsqu’elle avait répondu à Iwan. Elle avait oublié de dire ce qui avait provoqué ce besoin maladif de savoir.

- Il m’a souvent été reproché de ne rien comprendre aux rapports humains, ajouta-t-elle sans se réintéresser visuellement à son interlocuteur. Je travaille là-dessus. Je sais que vous devez trouver cela ironique en raison de mon comportement à votre égard mais cela a pourtant bien un lien avec mes efforts : sans être inhumaine, j’ai toujours eu énormément de mal à éprouver de la compassion pour quiconque. La seconde guerre mondiale a été le premier évènement à réellement me bouleverser. Normal, devez-vous vous dire. En réalité, ça ne l’est pas tant que ça puisque ce qui m’a bouleversée se situe davantage dans l’aspect « répétitif » de la chose quand dans l’aspect « injuste ». Alors, j’aurais besoin de mieux cerner l’aspect « injuste » de ce que vous avez vécu parce que même si je le comprends sur le plan intellectuel et que cela me scandalise, cela ne me provoque quasiment rien sur le plan émotionnel. Et vous conviendrez avec moi, que ce n’est pas normal. Après, comme je vous l’ai dit, dites-moi simplement que vous n’êtes pas capable de spontanéité dans le récit de la chose et je trouverai quelqu’un d’autre pour mes réponses. Ou du moins, j’essaierai. Si vous aviez directement dit ce que vous m’avez dit, cela nous aurait fait économiser beaucoup de temps. Mais peut-être que ce temps était nécessaire à la formation de cette déclaration. Qui sait ?
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MessageSujet: Re: Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan    Don't you wanna find out our secret ? || Sophia & Iwan  EmptyMar 4 Sep 2012 - 18:58

On dit que l’espoir est un sentiment très fort. Et je ne pouvais qu’être d’accord, même si ce n’était pas non plus ce qui fait vraiment avancer, en soi. En cet instant précis, plus encore que d’en avoir marre, ou peut-être à égal niveau, j’espérais que Sophia Leiden laisserait tomber. Qu’enfin elle allait comprendre, en tâchant de se mettre à ma place. Mais malgré toutes ses capacités, elle n’avait définitivement pas celle de pouvoir s’imaginer ce que nous autres prisonniers des camps avions vécu. J’étais convaincu que je ne pouvais pas compter là-dessus. Mais avec un peu de chance, ou de réalisation de sa part… Sait-on jamais. Elle venait d’ailleurs de remettre sa veste, ce que je prenais pour un bon signe. Mais c’était avant d’entendre ce qu’elle, elle avait à dire sur le sujet.

- J’ai lu les témoignages. J’ai visité les camps, je suis même retournée dans le passé pour expérimenter et comprendre sans avoir besoin de l’aide de quelqu’un. Mais ça n’a pas suffit.

Je ne me retenais pas de lever les yeux au ciel. Evidemment que cela ne lui avait pas suffit. A d’autres sans doute que si, mais pas à une femme telle qu’elle, comme j’avais malheureusement pu en faire l’expérience avec la course poursuite qui s’était engagée entre nous, où je faisais office de lapin. Que diable lui fallait-il pour que cela suffise, justement ? Une petite voix vint me dire que ce n’était pas pour rien qu’elle me poursuivait. Elle avait besoin de quelqu’un qui l’avait vécu. J’avais sans doute la capacité de lui « suffire » dans cette quête de savoir dans laquelle elle s’était lancée. Bien malheureusement.

- Je n’avais pas cette peur que vous avez du éprouver. Je savais ce qui allait se passer tout comme je savais qu’il fallait simplement que je tourne mon anneau pour être en sécurité. L’horreur, je l’ai vue mais je ne l’ai pas comprise.

Comment pouvait-on ne pas comprendre l’horreur de ce lieu ? Il ne suffisait pourtant pas de grand-chose pour cela. Mais peut-être sous-entendait-elle ici qu’elle ne saisissait pas réellement pourquoi ou comment un tel lieu peut vous briser. Oui, cela semblait plus logique, déjà.

- Je comprends que vous ne désiriez pas en parler mais vous, vous devez vous rendre compte que cela ne m’empêchera pas de continuer à vous harceler. Vous m’avez laissé voir ce que vous pensiez de moi et de mon projet. Je ne peux pas vous jeter la pierre mais je dois vous dire que vous vous trompez lorsque vous dites que ne pas savoir ne me tuera pas. J’ai besoin de connaître les ressentis purs de cette période, sans le filtre des mots ou du temps. Je sais que vous vous en êtes sorti il y a plusieurs années, maintenant, mais cela fera toujours moins de déformation que pour ceux qui ont écrit des livres ou racontent ce qui s’est passé. Il n’y aura pas le prisme littéraire pour déformer la réalité. Il n’y aura que de la spontanéité. Après, si vous me dites que cette spontanéité, vous ne pourrez pas me la fournir, je vous laisserai. Pas parce que je vous croirai mais parce que j’ai horreur des menteurs.

Une porte de sortie. Après avoir déclaré qu’elle continuerait à me harceler – ce qui m’avait bien renfrogné –, voilà qu’elle me fournissait le parfait moyen d’enfin me débarrasser de ce pot de colle de scientifique à la curiosité et au savoir insatisfaits. Malgré ce qu’elle disait, je n’étais absolument pas convaincu qu’elle ait besoin de connaître tout ça, et surtout que cela la tuerait de ne pas savoir. A moins qu’elle ne soit une terroriste voulant instaurer par quelque moyen qu’il soit de nouveaux camps de concentration et qu’un quelconque supérieur lui ait mis un ultimatum consistant à ce que je lui raconte tout cela, rien d’autre ne pouvait réellement la tuer. Et en ce cas, malgré ce que j’avais pu penser précédemment, je préférais la savoir morte elle que des milliers d’autres gens à cause d’une telle entreprise. Mais je me doutais qu’une telle option était loin d’être envisageable. D’abord parce qu’elle était une scientifique, ensuite car elle ne me torturait pas réellement, et enfin parce que mon ressenti sur la chose n’était absolument pas nécessaire à cet horrible projet. Je ne pouvais donc qu’en conclure que non, définitivement, cela ne la tuerait pas. Et aucun argument qu’elle devait être capable de fournir n’était en mesure de tenir la route à ce sujet.

- Il m’a souvent été reproché de ne rien comprendre aux rapports humains.

Moi qui croyais qu’elle avait fini et que j’allais pouvoir partir ! Visiblement, ce n’était pas le cas. Puisqu’elle continuait de fixer un point au loin par la vitre, elle ne put pas voir que mon faciès exprimait que je comprenais parfaitement le reproche qui lui avait été fait. Elle n’avait pas vraiment fait preuve de beaucoup de jugeote concernant la manière de m’approcher, et son harcèlement était une bonne preuve de sa non-compréhension à ce sujet. Mais après tout, comme elle semblait avoir un cerveau conséquent, certainement dans les plus performants, il était normal qu’elle ait un déficit ailleurs. Malheureusement pour moi, j’en avais fait les frais.

- Je travaille là-dessus. Je sais que vous devez trouver cela ironique en raison de mon comportement à votre égard mais cela a pourtant bien un lien avec mes efforts : sans être inhumaine, j’ai toujours eu énormément de mal à éprouver de la compassion pour quiconque. La seconde guerre mondiale a été le premier évènement à réellement me bouleverser. Normal, devez-vous vous dire. En réalité, ça ne l’est pas tant que ça puisque ce qui m’a bouleversée se situe davantage dans l’aspect « répétitif » de la chose quand dans l’aspect « injuste ». Alors, j’aurais besoin de mieux cerner l’aspect « injuste » de ce que vous avez vécu parce que même si je le comprends sur le plan intellectuel et que cela me scandalise, cela ne me provoque quasiment rien sur le plan émotionnel. Et vous conviendrez avec moi, que ce n’est pas normal. Après, comme je vous l’ai dit, dites-moi simplement que vous n’êtes pas capable de spontanéité dans le récit de la chose et je trouverai quelqu’un d’autre pour mes réponses. Ou du moins, j’essaierai. Si vous aviez directement dit ce que vous m’avez dit, cela nous aurait fait économiser beaucoup de temps. Mais peut-être que ce temps était nécessaire à la formation de cette déclaration. Qui sait ?

En clair, elle me demandait de lui raconter un passé que j’abhorrais pour lui prouver qu’elle n’était pas un robot sans le moindre sentiment ? Voilà qui était nouveau. Et enfin une motivation un peu plus claire, même si clairement égoïste de mon point de vue. Et je me savais spontané, impulsif, même. Mais pas pour raconter ce genre de choses. Peut-être, oui, que je ne comprenais pas non plus son point de vue là-dessus. J’aurais presqu’eu pitié d’elle de ne pas pouvoir ressentir la compassion, l’injustice et la colère qui vient avec. Pauvre scientifique vivant au vingt-et-unième siècle et n’ayant pas connu la moindre misère. Mais d’un côté, je la plaignais un peu aussi, sincèrement. Au moins, avoir des sentiments prouve qu’on est bien humain, et j’avais bien pu voir des personnes en être dépourvus, nos bourreaux en premier lieu. Comment peut-on cautionner les camps ? Comment peut-on être complice d’une telle barbarie ? Je n’ai jamais pu le comprendre, et ne pensais pas en être capable un jour. Ils ne ressentaient rien. Ou juste un sadisme sans bornes. Voilà la seule explication que j’avais pu trouver.

- C’est vrai que vous êtes sincèrement à plaindre. Vous avez peur d’être un robot, ou peut-être un extraterrestre, qui sait, en réalisant que vous êtes incapable d’éprouver des sentiments. Pauvre de vous. Ca ne doit pas être facile tous les jours.

Je ne cachais pas mon ironie ni ma fureur toujours bien présente. Cette femme arrivait à me faire encore plus sortir de mes gonds que d’habitude. Elle m’exaspérait. A l’entendre, j’étais celui qu’il fallait battre pour ne pas avoir satisfait mademoiselle. C’était le monde à l’envers, décidément.

- Vous voulez savoir pour éprouver quelque chose et je suis censé être celui qui va tout déclencher ? Vous me faites un grand honneur, là, continuais-je toujours aussi amer. Je ne sais pas si je peux être aussi spontané que vous semblez tant le vouloir, mais ce dont je doute le plus, c’est de si vous, parmi tous les autres, vous méritez de savoir. Méritez-vous que je déterre mon passé dont j’ai tant de mal à me défaire aujourd’hui encore ? Je ne pense pas. Vous êtes une scientifique en mal de savoir. Et une femme qui a réalisé que son côté émotionnel est fortement réduit. Mais ça ne veut pas dire pour autant que vous méritez cet effort de ma part. Surtout pas après le harcèlement que vous m’avez fait subir.

La colère m’aveuglait certainement et je n’avais cure d’ailleurs de ce que pouvait ressentir Sophia. Je la regardais sans réellement la voir, en vérité, et n’avais pas conscience de ce que son faciès pouvait ou non exprimer. J’étais furieux contre elle et cela me déliait la langue. Mais pas forcément pour qu’elle entende ce qu’elle voulait tant savoir. Et que je la coupe ou pas, je n’en avais pas encore fini.

- Puisque vous avez fait des recherches, vous savez les catégories de personnes envoyées au camp. La plus grande part n’avait que le malheur d’être nés dans les mauvaises familles, avec des origines différentes. Ou d’être homosexuels. Comme si on choisissait où l’on naît et nos préférences. Mais ce n’était pas mon cas. Mon homosexualité n’a jamais été la cause de mon envoi pour le camp. Être né de l’alliance d’un père allemand et d’une mère polonaise non plus. A quatorze ans j’ai officiellement rejoint la Résistance française. Six jours plus tard, mon père et moi devions tuer un haut-gradé allemand. Je n’ai pas commis l’acte en lui-même, mais j’ai participé à l’attentat. Qui m’a valu un aller simple pour le camp, au lieu d’être fusillé sur place comme mon père. Très longtemps j’ai souhaité qu’ils m’aient tué directement, moi aussi, plutôt que de m’envoyer mourir à petit feu et en souffrant atrocement. Mais j’étais en pleine croissance et robuste, donc utile à leur projet où ils avaient besoin de main-d’œuvre.

Je m’arrêtais un instant pour reprendre mon souffle. Nulle larme, juste un ton chargé de colère. J’essayais de faire prendre conscience à Sophia qu’en plus d’une partie de ses motivations était égoïste et pas d’une grande aide à ce que je m’ouvre à elle, qu’elle n’avait pas été voir un pauvre gars malchanceux de ses origines ou de sa sexualité.

- Mais peu importe. Maintenant que vous savez ça, vous voulez vraiment savoir ce que moi j’ai pu ressentir ? Je l’ai mérité, après tout, n’est-ce pas ?

Je tentais de la dégoûter, de la faire fuir. Mais je réalisais subitement que, comme elle l’avait si bien dit, elle ne ressentait pas pareille chose sur le plan émotionnel. L’entreprise risquait fort de ne pas aboutir. Et merde.

- Attendez, je vous vois venir avec un « personne ne mérite ça » se voulant rassurant. Même si c’est vrai, cela ne serait pas très justifié de votre part de dire ça après avoir avoué ne rien ressentir sur le plan émotionnel. Vous pouvez donc vous garder un éventuel « je vous comprends » aussi. Surtout qu’on ne peut que l’avoir vécu pour le comprendre.

Au moins, on ne pouvait pas me faire le reproche de ne pas être honnête. Je pensais chaque mot que je lui adressais, même si certains étaient capables de la blesser. Ce dont je doutais. Et je m’en fichais, de toute manière. Elle avait commencé, elle m’avait entraîné là-dedans. Qu’elle assume.

- Alors, qu’avez-vous à répondre ou à redire à ça ?


Dernière édition par Iwan Koslow le Mar 9 Avr 2013 - 20:21, édité 2 fois
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