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Do you remember when nobody knew us? Life was so simple then
but you knew my name and I knew yours

Il arrive de temps à autre que des amis, de la famille ou des personnes pour qui l’on éprouve plus que cela puissent apparaître dans nos propres rêves ou dans ceux des autres susmentionnés. Mais parfois également, sans que nul ne puisse l’expliquer, nous envahissons les rêves de parfaits inconnus, de simples personnes croisées dans la rue. De plus, tout rêve aurait une signification, à ce qu’il paraît. Allez donc savoir ce pourquoi un dénommé Lukas Evansson a-t-il fait celui qui va suivre et ce qu’il signifie…


Lorsqu’Amy, simple jeune femme entrevue le matin même par Lukas, marche lentement en directement du jeune homme, elle sent son regard la détailler mais seulement au niveau du visage. Ses longs cheveux descendant en cascade dans son dos sont la première chose sur laquelle les prunelles du rêveur s’attardent. Il n’a pas le temps de davantage observer le doux visage d’Amy que leurs yeux se trouvent incroyablement attirés les uns par les autres. Subite rencontre d’un vert entre émeraude et mousse, et d’un chocolat dans lequel se plonger est un vrai plaisir. Telle une déesse apparaissant à un simple mortel, elle continue d’avancer sans paraître le moins du monde troublée, un sourire illuminant son visage un peu plus encore. Elle sait que sa démarche n’a rien pour déplaire et, passant à côté du châtain, leurs yeux doivent se détacher. La Vagabonde sent néanmoins le regard du jeune homme la brûler dans son dos mais n’en laisse rien paraître, avançant, imperturbable. Elle l’entend faire demi-tour sur lui-même pour la suivre d’un pas semblable au sien, assez rapide pour ne la perdre de vue, mais également d’une certaine lenteur puisqu’il ne la rattrape pas, tout plongé dans ses pensées qu’il est. Ou plutôt, l’esprit complètement envahi d’une sourde envie de rester aux côtés de la demoiselle. Elle a un tel impact sur lui qu’une partie de son subconscient en est troublée mais il passe outre mesure et la suit, toujours à quelques pas simplement derrière elle.

Soudain, ils se trouvent obligés de s’arrêter du fait qu’un mur vient brusquement d’apparaître et de leur faire face. Amy se retourne, sourire aux lèvres et tendant sa main, elle l’invite à la lui prendre de façon certainement à ce qu’ils effectuent un étrange voyage ensemble. Le sol semble les avaler mais la jeune femme reste la même, reflétant toute l’assurance dont Lukas a comme l’impression d’être soudainement dépourvu. Attrapant les doigts fins tendus en sa direction, il l’emprisonne de sa main et ferme les yeux, ayant peur, peur de l’inconnu, de ce qui les attend. Amy, elle, se contente de sourire mais ne fait aucun geste dans le but de le rassurer. Sans doute préfère-t-elle qu’il se rende compte de lui-même que, non, ils ne sont pas dans une tornade dans laquelle ils auraient été aspirés et où ils tourneraient sans fin sur eux-mêmes.

Lukas ouvre enfin les yeux et peut se rendre compte qu’il est toujours en vie. Seul le décor a changé durant le cours laps de temps que ses paupières étaient restées closes. Remarquant tout d’abord leurs mains entrelacées sans la moindre crispation de l’un ou de l’autre, ses iris se retrouvent comme aimantés par ceux si envoûtants d’Amy, cette inconnue dont il ne connaît toujours pas le nom, par ailleurs. Plongeant complètement dans les prunelles de la jeune femme, une sorte de déclic se produit dans l’esprit de Lukas. Son cœur bat à un rythme frénétique, s’emballe sans préavis, un genre de frisson lui parcourt le corps tandis qu’il voit la jeune femme différemment dorénavant. Et il semble s’opérer les mêmes changements chez Amy qui devient tout d’un coup bien timide pour quelqu’un qui avait toute confiance en elle-même et en ce qui l’entoure quelques dizaines de secondes seulement auparavant. Un sourire empreint de douceur s’empare des lèvres du Suédois, reflet de celui de la jeune femme, et, sans s’être concertés pourtant auparavant, leurs mains se séparent l’une de l’autre tandis qu’une distance d’un bon mètre les sépare dorénavant. Les joues de Lukas prennent une jolie teinte rosée qui, malgré son combat intérieur, persiste à rester bien en place. Le regard baissé, contemplant le sol, il ne rend donc pas compte qu’un identique rougissement soit le signe manifeste de la gêne d’Amy. D’un genre d’accord commun, tous deux relèvent les yeux et s’observent l’un l’autre dans des habits qu’ils n’avaient remarqué auparavant. Amy, pour sa part, est revêtue d’une robe lui descendant jusqu’à ses pieds, eux-mêmes chaussés différemment. Ses cheveux relevés en un chignon dont s’échappent plusieurs mèches lui laissent à loisir la possibilité de n’avoir le visage entravé par un rideau de boucles agité par la brise ambiante. Quant à son compagnon, il est habillé d’un costume noir de pied en cape mais en-dessous duquel on peut apercevoir une chemise à jabot blanche. Tous droits sortis de l’époque où George III règne sur l’Angleterre, ils s’accordent parfaitement avec le décor dont ils ne prennent réellement conscience, étant comme entourés d’une bulle dans laquelle ils ne sont que tous deux.

Lukas, effectuant une demi-révérence qu’Amy lui rend aussitôt par politesse, se saisit de la main gantée de sa partenaire avec toute la galanterie dont il peut faire preuve. Le temps n’appartient qu’à eux et l’un comme l’autre semblent bien être décidés à rester aussi longtemps en compagnie de l’autre :

- Pourrais-je me permettre de vous inviter à prendre une collation dans le salon de thé le plus proche ou serait-ce trop inconvenant pour vous, Mademoiselle, étant donné que nous n’avons nul chaperon pour nous escorter ?

La voix si douce qu’a emprunté le jeune homme, qu’elle ne connaît pourtant pas, la touche de plein fouet et le trouble se saisit de son cœur comme de son esprit. Pourquoi cela lui arrive t-il soudain d’être aussi irrémédiablement attirée par cet inconnu au charme indéniable ? La question a à peine le temps de lui effleurer l’esprit qu’elle la repousse pour revenir à l’instant présent et ainsi à la demande formulée à son intention. Pour sûr, elle sait déjà sa réponse : elle ira avec lui où bon lui semble !

- Ma sincérité me pousse d’agréer à cette demande. Je vous y suivrai donc avec le plus grand plaisir, Mister. Et puis, nul besoin de chaperon pour une simple collation, aussi longue fusse-t-elle.

Agrémentant sa réponse d’un sourire, elle tend une de ses mains gantées en direction du jeune homme qui n’a pas bougé d’un cil hormis pour remettre en place son col de chemise. Au fond d’elle, tandis que Lukas reprend peu à peu ses esprits, elle espère vraiment que tout instant en sa compagnie dure une éternité.