Tandis que j’attendais, attentif aux déplacements possibles que pouvaient effectuer la présence face à moi, des mouettes se disputèrent à proximité et je pus ainsi estimer que je m’étais rapproché de l’eau étant donné que si c’était, comme je le supposais, bien un poisson qui causait l’affrontement des volatiles, la scène ne pouvait que se dérouler sur la rive. Je me posais un instant la question de savoir combien de mouettes il y avait avant de me trouver couper dans le fil de mes méditations relativement assez inintéressantes, tout de même, je devais bien me l’avouer, par une douce voix de femme qui chuchota plutôt qu’elle ne parla pour me répondre :

-Sur le parking de la plage... idiot !

L’insulte qui finit sa phrase me surprit mais c’est grâce à elle que je parvins à comprendre que ma précédente interlocutrice et celle qui venait tout juste de s’exprimer n’était en vérité qu’une seule et unique personne malgré l’effort qu’elle avait pour changer son timbre de voix. Pendant qu’elle parlait, les mouettes s’étaient tues et si je n’avais pas été un peu déçu de ne pas être face à un être nouveau tout en me sentant coupable de penser une telle chose, je me serais très certainement demandé si c’était en lien. A la place, je restais quelques instants décontenancé avant de prendre conscience de l’information que la réponse de la désagréable jeune femme m’avait apportée, en admettant qu’elle soit vraie ce que je pouvais tout de même considérer comme juste étant donné la présence des mouettes et des effluves marines. Je me trouvais ainsi bien dans la zone de la plage, plus précisément sur le parking et j’allais très certainement avoir de réelles difficultés pour aller à Buckingham à moins que je ne trouve quelqu’un d’assez aimable pour m’y conduire. Cette dernière possibilité me faisait ainsi rejeter ainsi d’office mon interlocutrice malgré ma confiance absurde dans le genre humain étant donné que je sentais qu’une vague de colère venait de la traverser et qu’au vu de ses précédentes répliques, il était tout à fait certain que le bonheur de son prochain ne faisait pas parti de la liste de ses priorités.

-Pardonne-moi pour mon agressivité, mais j’ai perdue mes clés... reprit soudainement la voix de ma vis-à-vis avec une douceur qui me surprit agréablement tant elle paraissait sincère et contrastait positivement avec le comportement précédent de sa propriétaire malgré le tutoiement familier qu’elle continuait à utiliser.

Un léger doute s’empara ainsi immédiatement de moi lorsque, mettant leur forme de côté, je saisis le sens des mots qui venaient d’être prononcés par la jeune femme : peut-être que je me trompais, après tout, peut-être l’avais-je jugée un peu trop vite à cause de la fatigue qui pesait un peu plus sur moi à chaque minute qui s’écoulait parce qu’il me semblait tout à fait impossible qu’elle ait réussi à feindre aussi parfaitement un ton aux intonations si tendres étant donné que contrairement à sa précédente réplique aussi informative qu’insultante, elle avait cette fois-là parlé à voix haute, ce qui augmentait les difficultés de mensonge. Sentant mon visage s’adapter instinctivement à ce changement d’attitude en abandonnant son expression taciturne pour en adopter une plus positive, plus ouverte, je manquais de rougir et offrit un franc sourire juvénile à ma vis-à-vis avant de reprendre la parole :

- Je suis désolé pour vous… Je peux peut-être essayer de vous aider à les retrouver, si vous le désirez ? proposais-je avec amabilité avant de développer ce que je voulais dire parce qu’étant tout à fait conscient de l’incongruité de ma proposition. Même si je n’ai pas de nerfs optiques en état de fonctionner, mes autres sens sont plutôt réactifs.

Si j’osais offrir mes services à la jeune femme qui me servait d’interlocutrice c’était autant pour me faire pardonner mon premier mauvais jugement que parce que c’était dans ma nature. Je regrettais vraiment de l’avoir mal jugée, oubliant totalement sa désobligeance précédente parce que l’ayant justifié avec la perte des clés mais respectant la distance polie qui m’avait été enseignée depuis mon plus jeune âge et qui m’adjoignait à employer le vouvoiement avec les personnes que je venais de rencontrer et qui ne m’avaient pas permises de les tutoyer même si j’aurais certes pu passer outre cette règle de savoir-vivre du fait que mon interlocutrice le faisait. Sauf que ça ne me ressemblait malheureusement pas, ce qui me ressemblait étant les légères rougeurs qui avaient finir par malheureusement décorer mes joues à cause du léger sentiment de culpabilité qui perdurerait en moi jusqu’à ce que la jeune femme ne me réponde.