Il courait. Tel un ouragan, Ethanaël se frayait un chemin aisé entre les conifères, cependant qu'une fraîche brise écartait quelques-unes des mèches chocolat qui lui barraient le front. Ses pieds frôlaient à peine le sol et il se faisait rapide et discret, si bien qu'un humain aurait crû à un mirage - si seulement il l'avait aperçu.Cette nuit-là, comme à l'accoutumée, personne ne l'avait remarqué franchir la lisière de la forêt, exceptés un hibou et quelques chauves souris. Il fendait la bise de ses longues jambes musclées qui lui donnaient une vitesse incomparable. La lune - haute dans le ciel - était pleine et dardait ses rayons blafards sur les environs. Quelques nuages la masquaient de temps à autres, et des papillons de nuits volaient, au gré de leurs envies nocturnes.

Tout à coup, le vagabond s'arrêta. Cela n'était pas fortuit. D'ailleurs, rares étaient les actions qui étaient fortuites, chez lui. Il venait d’entendre quelque chose. Son ouïe ne le trompait jamais, et il avait entendu des bruit de rire. Il pivota sur lui-même et observa les taillis qui l'entouraient. Là-bas, au loin, de la fumée montait vers les cieux, loin au dessus de la canopée des sapins. Un feu de camp, en plein milieu de la forêt... Quelle aubaine ! A croire que les dieux étaient de son côté aujourd’hui. L'ombre d'un sourire machiavélique se dessina sur les lèvres du brun, alors que ses prunelles viraient lentement mais sûrement au noir encore plus sombre que la nuit, dévoilant sa colère. Alors, en une fraction de seconde, il reprit sa course. Tôt dans la journée, il avait été faire un tour dans le village, mais très vite il avait compris qu’il n’était pas le bienvenue. En effet lorsqu’il était plus jeune et fougueux tel un renard, il était déjà venu dans les années mille-six-cent-cinquante, et s’était très vite fait des ennemis. Revenir à la même époque au même endroit n’était pas très intelligent, mais, Ethanaël aimait les risques et il devait à tout prix récupérer ce qui lui appartenait. Lors de son précédent voyage dans le royaume de Charles Ier, il possédait une montre ancienne que le roi Richard Cœur de Lion lui avait remis. Cette montre était en fait un objet très précieux, qui contenait une énigme, une sorte de code, sur le sort de l’humanité. Il avait donc besoin de la récupérer, mais on l’avait remarqué et une course poursuite avait alors commencée à travers la forêt.

Ethanaël se serait très bien passé de ce voyage, mais ces derniers temps, il devenait de plus en plus impulsif et colérique, ce qui signifiait qu’il perdait le contrôle de soi et que si il ne menait pas à bien sa mission, il deviendrait complètement fou. C’était pour cette raison, qu’il ne devait pas se détourner de son but, et cesser de penser à l’époque dans laquelle il avait envie d’être: en deux-mille-onze. Il continuait de courir, et s’arrêta un peu avant d’entrer dans le campement. À entendre les cris des hommes, ce devait être des brigands, des bandits, des voleurs, comme l’histoire de Robin des Bois, qu’Ethanaël avait rencontré lors d’un voyage. Il sut tout de suite qu’il gagnerait très vite la confiance de ces idiots qui pourtant pourraient certainement lui être utile. Il sortit aussitôt de l’ombre pour s’approcher, et put mieux les observer. Ils étaient trois. À ce moment, le vagabond reçut un coup de bâton dans le dos et il se retourna aussitôt pour se défendre. Son attaquant n’était qu’un petit homme qui devait sans doute mourir de faim, mais Ethanaël n’avait pas pitié, il le frappa au visage et l’homme s’évanouit. Le brun n’aurait jamais du faire ça, un homme plus costaud et musclé, qui devait sûrement abusé de la bière se dirigea vers lui à toute vitesse pour le frapper et l’atteindre au ventre. Le jeune homme esquiva la frappe et attrapa le bâton du petit homme pour assommer son adversaire. Il sortit son couteau de poche, mais n’avait aucune raison de tuer les deux brigands, il décida d’attendre leur réveil, et de profiter de leur repas. C’est alors qu’il entendit un toussotement derrière lui, et il se souvint que les bandits étaient trois. Il attrapa sa dague et la cacha derrière lui, tout en se rapprochant de l’homme. C’était un beau spécimen, les cheveux ondulés, coiffés comme ceux d’Ethanaël, en arrière, il semblait grand et agile. Son visage ressemblait étrangement à celui d’Ethanaël et le vagabond en fut surpris, mais arrivé à hauteur de l’autre, il reprit ses esprits et pointa aussi vite que la lumière, son arme sur le cou de l’homme. Il le menaça alors:

-Tu vas faire tout ce que je vais te demander... ou je te tue. Compris !?

Ethanaël Storm était de retour, intrépide, violent et monstrueux.