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 Âme Strame Gramme || Loo

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Leonardo Sacritorian
    Date de Naissance : 31/08/1985

    Emploi/loisirs : Architecte






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Leonardo Sacritorian






Âme Strame Gramme || Loo - Page 2 _
MessageSujet: Re: Âme Strame Gramme || Loo   Âme Strame Gramme || Loo - Page 2 EmptyMer 23 Nov 2011 - 18:18

Un pouffement étouffé parvint aux oreilles du jeune homme, peu après que son grognement ne se soit échappé de sa gorge et il baissa les yeux vers Loa qui semblait avoir été très amusée par le bruit. Devant le regard vexé qu'il lui adressa immédiatement (elle riait pour le grognement mais n'avait encore rien dit sur son jeu de mots!), elle parut toutefois se calmer mais un rictus persista sur ses lèvres, laissant présager à Leo d'éventuels nouveaux rires. Hors, contrairement à ce qu'il pensait, la jeune fille redevint sérieuse et détailla le choix de restaurants dont les enseignes étincelaient dans la nuit. Changeant de cible, l'homme leva son regard vers le ciel bleu foncé parsemé d'étoiles qui les recouvrait et il eut l’impression, pendant quelques courts instants, d’être transporté deux milles ans en arrière. Dans une nuit pure, pas encore contaminée par la folie des hommes. Revenant au moment présent, il songea à ce que dirait son amie s’il lui faisait part de ce qu’il venait de penser et en vint à la conclusion que ce serait sûrement une remarque moqueuse qui accueillerait ses paroles. Il s’abstint alors car même s'il trouvait amusant l'esprit aussi acéré qu'une lame de Loa, il trouvait également qu'elle en faisait parfois un peu trop. Elle avait néanmoins le chic pour découvrir l'élément utile à la situation. C'était une parfaite petite hypocrite. Qui avait visiblement enfin trouvé l'endroit dans lequel ils allaient dîner. Le regard rivé sur les vitrines d'un restaurant chinois, elle ouvrit la bouche :

- On va là-bas, dit-elle tout en désignant vaguement l’enseigne asiatique.

Un sentiment de perplexité traversa Leo alors que la jeune Anglaise se mettait déjà à avancer sans préavis. Entourant toujours ses épaules d'un de ses bras, il fut obligé de suivre le mouvement mais son esprit ne cessa pas de fouiller ses souvenirs pour savoir s'il avait déjà expérimenté la nourriture chinoise. L'absence de données récentes l'angoissa quelque peu mais le son bruyant que produit l'estomac de Loa le fit totalement perdre le fil de ses pensées étant donné que, désormais, il riait aux éclats, dévasté par l'incongruité de la situation. Un instant auparavant, chacun était concentré sur son propre objectif mais marchait dans la même direction puis l'estomac s'exprimait et ils revenaient dans un plan commun. Il ne fallait jamais sous-estimer le pouvoir des organes digestifs. Ni celui des coudes parce que se prendre un coup de coude dans les côtes pouvait faire mal à condition que ce ne soit pas une frêle jeune fille qui le donne. Ce qui faisait que celui que Loa venait de lui donner ne lui fit pas grand effet. Pire, il faillit même accentuer son fou rire mais le jeune homme réalisa à temps que ça aurait risqué de vexer Loa. Et une Loa vexée était d'autant plus drôle qu'il n'était pas sûr de parvenir à rester assez convenable pour éviter de se faire expulser du restaurant vers lequel ils se dirigeaient. Par chance, comme pour l'aider à reprendre son sérieux après sa brusque baisse tension, la jeune fille recommença à parler :

- Au fait, c’est très aimable de ta part de m’avoir fait pareille proposition. Tu sais très bien que j’aurai pu me contenter d’un simple sandwich. Cela dit, je doute que nous nous serions amusés comme il y a des risques que nous allons le faire avec ceci.

La déclaration donna à Leo l'impression qu'ils jouaient dans un film et qu'ils avaient un certain nombre de phrases conventionnelles à placer avant de pouvoir vraiment se dérider. Cette impression se trouvait renforcée par le coup de coude qu'il venait de recevoir étant donné que Loa avait eu l'air de vouloir qu'il garde sa placidité encore quelques instants et qu'elle venait tout juste de parler de s'amuser. En tout cas, l'Italien était tout à fait sûr que jamais ce qu'ils pourraient dire ne compenserait l'absence totale - et sûrement définitive - de réaction qu'avait eu la jeune fille pour son jeu de mots, maintenant loin derrière eux. Arrivé à ce stade de réflexion, l'homme changea le cours de ses pensées pour observer avec un regain de perplexité les baguettes que tenait un client dans sa main, derrière la vitre du restaurant. Il ne lui semblait vraiment pas qu'il n'ait jamais franchi la porte d'un tel endroit. Et il était pratiquement sûr que ça allait lui causer du tort. Déjà, il imaginait mentalement la façon dont il était possible de se servir de deux morceaux de bois pour manger. Le résultat ne lui paraissait pas une seule seconde probant. Sauf que Loa n'avait visiblement pas l'intention de changer de choix vu qu'elle était en train d'entrer dans l'endroit qui avait au moins le mérite d'être calme et propre, nota le jeune homme en rattrapant la porte juste avant qu'elle ne se referme sur lui. L'impolitesse de l'Anglaise avait été heureusement prévisible... Et légèrement dédommagée par le fait que la jeune fille avait choisi une table suffisamment à l'écart pour qu'ils puissent parler de tout et n'importe quoi sans crainte que d'indiscrètes oreilles ne les écoutent. Accrochant leurs manteaux à l'objet prévu à cet effet, Leo s'installa ensuite face à Loa et parcourut du regard le menu qui venait de lui être apporté pendant que son interlocutrice semblait faire de même. Plusieurs noms de plats attirèrent son regard par leur étrangeté et il se mit à lire avec attention leurs descriptions tout en essayant de visualiser les difficultés qu'il aurait à les manger avec une baguette. Déterminé à ne pas trop se ridiculiser, il cherchait la nourriture mangeable avec les doigts lorsqu'il vit du coin de l'œil l'expression de Loa changer pour un sourire un peu trop sardonique sur les bords :

- Je t’assure que je ne filerai pas. Bien que la phrase soit vraiment bien tournée étant donné mon origine anglo-saxonne. Remarque, c’est tout à fait normal après tout, nous avons plus le sens de la discrétion que vous, mon bon Samaritain.

Le surnom qu'elle n'avait pas encore utilisé aujourd'hui, rappela à Léo le jour où il lui avait raconté comment les gens l’appelaient, lorsqu’il était à l’Université. Il ne pensait pas, à cette époque, qu'elle réutiliserait son explication de cette façon mais le surnom n'étant pas réellement moqueur, son manque de clairvoyance ne pesait pas vraiment sur son esprit. Silencieusement, il apprécia la façon dont sa jeune interlocutrice avait formulé son sarcasme ainsi que le fait qu'elle ait valorisé son hilarante blague puis il se mit à l'ignorer en se replongeant dans le choix de son repas, déterminé à ne pas partir dans une joute verbale dont il n'était pas sûr de voir la fin. Finalement, lassé de ne pas parvenir à se décider sur son repas, il décida de choisir exactement la même chose que sa protégée, de toute manière il mangeait globalement de tout et s'il n'arrivait pas à se démener avec les baguettes, il demanderait une fourchette. Les fourchettes faisaient, à ses yeux, parties des inventions les plus utiles que l'Homme ait jamais imaginé et la perspective d'une issue en cas de déconfiture le rasséréna suffisamment pour qu'il lève les yeux vers son interlocutrice, son regard bleu observant avec intensité les traits fins de l'Anglaise. Elle paraissait être confrontée à un dilemme quant au choix de ce qu'elle allait manger et le jeune homme songea qu'en matière de nourriture, il était rare que la jeune fille soit satisfaite. Malgré sa silhouette élancée, elle avait un appétit d'ogre qui aurait fait pâlir de jalousie la plupart des bons vivants romains. Le mystère du métabolisme de Loa ne serait sûrement jamais élucidé, selon Léo. A moins de procéder à une vivisection de la principale concernée, ce qu'il ne permettrait en aucun cas. A moins d'être le chirurgien opérant. Réprimant un sourire sadique, il s'appuya contre le dossier de sa chaise et lâcha la blondinette du regard pour observer les gens qui les entouraient. Une femme en train de les fixer avec suspicion attira principalement son attention et il se demanda quel était son problème. Cédant à une impulsion, il lui fit une brève grimace et elle se détourna d'un air outré. Un sourire étira alors les lèvres du brun puis il reporta son regard sur Loa, laquelle le regardait avec un sentiment incompréhensible placardé sur le visage :

- Il y a un problème, peut-être?, s'enquit-il avec une innocence feinte avant de faire signe au serveur pour qu'il vienne prendre leur commande. Alors, qu'as-tu choisi, ma petite?

Ayant clairement accentué le dernier mot, il sut qu'il venait de rouvrir les hostilités mais la perspective l'amusait énormément, contrairement à précédemment. Il était un homme, après tout, et se laisser aller à retomber en enfance, même durant deux secondes, permettait aux membres de son genre de se ressourcer, ce dont il avait bien besoin, donc il était tout à fait normal qu'il en soit de même pour lui. Souriant avec sympathie au serveur impassible, il attendit patiemment que sa chère protégée daigne leur répondre. Après ce qui lui sembla être une minute à attendre pour rien, il craignit que cela ne soit le début de vengeance de la jeune fille et le départ silencieux du serveur le conforta dans son opinion que quelque chose de pas normal se tramait. Subitement, il perdit toute envie de recommencer une joute verbale mais c'était certainement trop tard au vu de l'expression quelque peu butée de Loa. Fouillant à tâtons les poches de ses vestes à la recherche de son élastique, il se mit à jouer avec dès qu'il l'eut en main, désormais prêt à à peu près tout retournement de situations.
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Loa Holtailis
    Date de Naissance : 07/05/1992







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Âme Strame Gramme || Loo - Page 2 _
MessageSujet: Re: Âme Strame Gramme || Loo   Âme Strame Gramme || Loo - Page 2 EmptySam 14 Jan 2012 - 18:59

Il me sembla que Leo apprécia ma remarque basée sur sa blague. Il faut dire que j’avais certainement traîné en longueur quant à y faire un commentaire mais j’y étais tout de même venue. Le fait qu’il m’ignore, plongé dans son menu, m’obligea à faire obliquer mes prunelles vers le mien. Ce dernier me semblait être complètement rédigé en chinois pour moi, selon l’expression. Ce ne fut que lorsque je me passais à nouveau la phrase en tête, convaincue que je venais de songer à un éventuel jeu de mots, que je me rendis compte que nous étions dans un restaurant chinois, me donnant raison par la même occasion. Le sens de l’humour de Léo commençait sérieusement à déteindre sur moi. Ce qui n’était pas sans dire quant au fait que nous étions proches. Dans ce cas-ci, je n’étais vraiment pas certaine que de méditer à des blagues dignes de mon frérot, ou ce qui s’en rapproche le plus, soit une bonne chose. Ceci dit, je gardais mes pensées pour moi : rien qu’imaginer que l’Italien puisse prendre mon observation en tant que flatterie me dissuadait de l’énoncer à haute voix. Il était bien plus amusant de le chercher, le pousser à bout de nerfs bien qu’il semble avoir acquis un don lui permettant de garder un calme et une maîtrise de lui-même assez remarquables. Nos joutes verbales pouvaient ainsi se prolonger de longues minutes voire même une bonne heure si le sujet était vraiment propice à une discussion.

Ramenant mon attention sur la carte des différents plats proposés que je tenais toujours en mains, je me concentrais et lu certains titres que je jugeais par la suite comme étant imprononçables. Choisir un plat, même affublé de descriptions compréhensibles, m’apparaissait être une tâche bien plus ardue que je ne me le serais imaginé. La simple visualisation de certains ingrédients mélangés ensemble me donnait envie de sortir aussitôt du restaurant, tant cela m’apparaissait improbable. Cependant, je m’abstins rapidement : j’avais bien toutes les possibilités de porter ma décision sur autre chose et l’idée même de pouvoir observer Léo se servir de baguettes me réjouissait au plus haut point. A moins que le brun ne sélectionne le repas pour nous deux, ce dont je doutais fort, il me faudrait pourtant décider. J’allais opter pour un bon vieil « Am stram gram », ou, si l’on suivait l’esprit de Léo jusqu’au bout, un « Âme Strame Gramme », lorsque je sentis son regard peser sur moi. Je décidais de passer outre et comptais commencer mon petit jeu en guise de choix quand je me rendis compte que je n’avais même pas présélectionné certains plats en particulier et que cela me prendrait une durée infinie de répéter la procédure susmentionnée pour tous. Portant finalement mon attention sur Leo, j’eus la surprise de le voir fixer une femme qui elle-même nous regardait ostensiblement. Mais ce n’était pas tellement l’échange de regards qui m’étonna, mais plutôt la grimace que le brun lança soudainement à la cliente qui paraissait dorénavant outrée. L’Italien avait au moins eu le mérite de lui faire détourner le regard. Cela aurait été sans aucun doute dérangeant de se faire dévisager, surtout pendant que nous remplissions nos estomacs affamés. Et je détestais particulièrement que l’on me fixe pendant que je mangeais. L’intervention de Leo avait donc du bon au final : l’inconnue aurait eu droit à bien plus qu’une simple grimace de ma part. Mais je ne l’avais jamais vu ainsi, aussi… discourtois ? Ce qui m’amusa tout de même fortement, celui-ci me rabâchant sans cesse mon impolitesse. Mon visage devait exprimer plusieurs sentiments contradictoires et donc mon expression impossible à saisir, mais cela n’arrêta pas Leo.

- Il y a un problème, peut-être ? Me demanda-t-il, l’air parfaitement innocent alors que je savais qu’il n’en était rien. Alors, qu'as-tu choisi, ma petite ?

Il avait accompagné ses paroles d’un geste enjoignant au serveur de se rapprocher dans le but de prendre notre commande tout en lui souriant. Seulement, mon cerveau désigna ses informations comme étant inutiles et je les oubliais aussitôt, bien trop concentrée quant au surnom précédemment utilisé. Celui-ci était loin de me plaire et Léo le sachant, en usait et abusait au point de me rendre presque folle – dans un certain sens, car j’admettais être un brin timbrée. La répartie étant toujours à double sens, je trouvais souvent une réplique me permettant de réajuster la balance. Seulement là, nous nous trouvions en présence d’une tierce personne et cela m’ennuyait fortement. Tout en préparant mentalement une éventuelle remarque si j’arrivais à la placer, je gardais le silence le plus complet et eus la satisfaction de voir le serveur aller s’occuper d’une autre table. Les aimables hostilités étaient ouvertes, tous les coups ainsi permis. Ce qui me réjouissait au plus au point car mon cerveau se mettant enfin en branle et avec sérieux, un plan commençait à se dessiner dans mon esprit et pour le moins intéressant. Du moins, de mon point de vue. Toutefois, toute aussi butée que je sois, cela n’empêcha pas, à mon grand damne, à Léo de sortir à nouveau son élastique. Levant les yeux au ciel tout en soupirant silencieusement, je concentrais mon oreille sur les autres bruits. Mais faute de parole ou d’autre bruit à notre table, je ne percevais que le son que produisait l’élastique. Et il aurait été peu dire que celui-ci commençait à me taper sur le système. Une décision immédiate et irrémédiable dirigea le cours de mes pensées : avoir possession dudit élastique. Mais je devais voir l’objet pour pouvoir le déplacer. Hors Léo s’obstinait à garder son élastique sous la table. Perspicace ou simplement inconscient des conséquences que cela avait pour moi comme pour lui ? Malheureusement pour moi, la première hypothèse pouvait tout aussi bien être appliquée que la seconde. Me décidant à tenter à nouveau une certaine expérience, je fermais les yeux, concentrée sur ma tâche et visualisait avec netteté l’objet en question. Une fois certaine de son apparence, je glissais mes mains sous la table, paumes ouvertes et tournées vers la source de sons nuisible à mes oreilles. Comme pour toute autre attraction, je fis de même, l’image de l’élastique m’apparaissait en pensées uniquement et non directement par mes iris. Je sus que je réussissais à l’instant où le bruit de l’élastique claquant contre la peau de Leo d’un mouvement répétitif cessa. Seulement, ne m’étant jamais entraînée à cette expérience, j’avais tout de même mes limites et les secondes durant lesquelles j’attirais l’élastique à moi ne suffirent pas à me le procurer. Mais heureusement pour moi, mon très cher père de cœur réagit aussitôt, et certainement dans le but de le mettre en sécurité, leva d’instinct son élastique. Je ne perdis pas mon temps et en quelques secondes, je pus le sentir entre mes doigts. Le pauvre Leo n’avait eu le temps de s’apercevoir de ce qu’il se passait que son précieux bout de plastique lui échappait. Triomphante, je souriais de toutes mes dents à un certain Italien dont le visage exprimait encore le plus grand étonnement ainsi que le mécontentement qui commençait à pointer. Tenant l’élastique du bout des doigts, j’avais tout de même pris garde à ce qu’il ait une certaine distance avec ceux du brun, me permettant de réagir s’il tentait la moindre action. Peut-être réfléchirait-il à deux fois, une prochaine fois avant de m’appeler « ma petite ».

- Un problème peut-être ? Lançais-je l’air candide.

La remarque me valut un regard noir, surtout qu’il s’agissait de la même phrase qu’il avait prononcée quelques minutes auparavant. Mais quelle satisfaction de pouvoir à nouveau se concentrer convenablement ! Il s’agissait dorénavant de mettre en place le plan auquel j’avais songé. Adressant un signe au serveur, je lui désignais, non sans force de gestes, notre table. Il doutait certainement du fait que je veuille vraiment passer commande ou si j’allais le faire attendre une fois de plus. Mais non, j’étais bien décidée et lui se résolut enfin à venir. Il était payé pour ça, après tout ! Me tournant vers mon vis-à-vis, je lui demandais :

- Tu as bien dit que je pouvais choisir ce que je voulais, n’est-ce pas ?

Je me forçai à prendre un air suffisamment innocent et aimable pour éviter d’attirer l’attention. Seulement, Léo me connaissait certainement bien puisque cela lui mit plus la puce à l’oreille qu’autre chose. Son hochement de tête ne fut pas immédiat et il me fixait dorénavant d’un air curieux et l’air de se demander ce que je pouvais préparer. J’imaginais avec délectation que l’absence de son élastique jouait également dans le fait que son attention soit toute concentrée sur moi. Le serveur arrivé entre temps avait certainement dû entendre ma remarque mais se tut. Ce fut donc avec un malin plaisir, mon habituel sourire en coin réapparu comme par enchantement sur mes lèvres, que j’annonçais au serveur :

- Mon ami souhaiterait expérimenter la nourriture au moyen de baguettes.

Le regard rivé sur Léo, je le vis qui commençait à ouvrir la bouche mais il la referma lorsque je fis claquer l’élastique contre mes doigts, lui signifiant ainsi que j’étais encore en mesure de le lui rendre par la suite. Ou plutôt de, pas le moins du monde intentionnellement, cela va de soi, le lui restituer dans un certain état lui empêchant de s’en servir correctement. L’imbécile qui disait que le chantage n’était d’aucune utilité aurait pu se rendre compte que je prenais bien soin de l’entretenir pour plusieurs puisqu’étant comme une seconde forme de discussion entre moi et Leo. Adressant un large sourire au serveur n’ayant sans doute perdu la moindre miette de notre échange muet, je poursuivis :

- Je compte donc sur vous pour lui en trouver un dont il peut se servir surtout, voire uniquement avec. Et qui soit un met appréciable au goût, cela va de soi.

Le serveur se tourna vers mon compagnon, lequel acquiesça avec lenteur, comme à contrecœur. Le premier ouvrit la bouche mais je le coupais aussitôt, ce qui n’était certes pas une preuve de politesse, mais nécessaire dans un cas pareil :

- Quant à moi, je prendrais la même chose mais je vous prierais de me fournir également une fourchette avec, je ne suis pas tellement fanatique des taches, voyez-vous. Et si me servir des baguettes me revient à me salir, je préfère avoir à disposition un élément plus pratique à utiliser.

Leo semblait ne pas en revenir. Il devait pourtant être habitué depuis le temps à ce que je ne prenne pas de pincettes et tourne la situation à mon avantage. Me tournant vers le jeune homme chargé de prendre nos commandes toujours debout, je pressentis qu’il allait certainement encore essayer de répliquer. Je déclarais donc d’un ton usé :

- Je paierai au prix fort si besoin est, ne vous inquiétez dont pas pour cela. Ce sera tout pour le moment, merci, ajoutais-je puisqu’il ne se décidait à bouger.

Je levais les yeux au ciel en secouant la tête lorsqu’il partit enfin. Il devait très certainement regretter de ne pas nous avoir laissé aux bons soins d’un éventuel autre serveur. Mais après tout, comme l’expression le dit, le client est roi. Je pouvais donc tout à fait avoir mes propres exigences et il se devait de les respecter à la lettre. Portant mon regard sur Léo, je pus constater qu’il s’était repris mais restait renfrogné. Je craignais quelque peu d’éventuelles représailles, surtout qu’il n’avait plus rien à perdre maintenant que j’avais son élastique. Mais ce dernier pouvait me servir de monnaie d’échange tant que, malencontreusement, bien entendu, il ne soit cassé. Je le rangeais dans une de mes poches, soucieuse de voir mon objet de chantage se faire la malle, ce qui était très probable avec un Italien en face.

- Tu sais que j’expérimente de nouvelles choses grâce à toi ? Lui dis-je avec une candeur feinte qui ne trompait personne, surtout pas lui.

Je changeais ainsi de sujet car je m’attendais tout de même à une certaine vengeance de sa part. De plus, lesdites expériences était pour la première, certes plus agréable pour son postérieur, mais prouvait par la seconde qu’à force d’entraînement, j’arriverais sans doute à développer un nouveau pan des mes capacités. Ce qui n’était pas forcément à son avantage… une fois de plus.


Dernière édition par Loa Holtaïlis le Lun 8 Avr 2013 - 22:03, édité 1 fois
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Leonardo Sacritorian
    Date de Naissance : 31/08/1985

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Âme Strame Gramme || Loo - Page 2 _
MessageSujet: Re: Âme Strame Gramme || Loo   Âme Strame Gramme || Loo - Page 2 EmptyDim 12 Fév 2012 - 21:26

Ses doigts s’activant toujours vivement sur l’élastique, lui faisant prendre des formes complexes et noueuses sans même le regarder, Leo attendait la réaction de Loa. Il savait qu’elle ne pouvait plus prendre trop de temps à survenir puisque la jeune femme n’était pas connue pour sa patience. En fait, on pouvait même dire que la miss Holtailis était plutôt impatiente mais c’était aussi pour cela que l’Italien l’appréciait. Il aimait bien son impulsivité maîtrisée et son esprit combatif. Elle n’était définitivement pas du genre à se laisser déprimer pour rien ou peu. Elle préférait largement faire que subir. En cela, elle était une amie formidable qui ne vous entraînait pas vers le bas. Même si ses tendances sadiques et égoïstes pouvaient parfois agacer le brun. Ses grands yeux aux couleurs divergentes se levèrent soudain vers le ciel, en réponse à l’activité toujours présente de l’élastique, et elle soupira muettement. Amusé par sa réaction, Leonardo poursuivit ses mouvements avec dextérité sans toutefois quitter le refuge que lui procurer le dessous de table. Trop conscient des capacités paranormales de la blonde pour son propre bien, il préférait éviter d’offrir sa source de relaxation à son courroux. A sa grande surprise, toutefois, les yeux de Loa se fermèrent subitement et une expression concentrée apparut sur ses traits. Quelque peu inquiet au sujet de ce qu’elle pourrait provoquer par simple envie, l’Italien accentua les mouvements qu’il prodiguait au caoutchouc jusqu’à ce qu’une pression, exercée par une main invisible, ne cherche à le dérober à lui. Peu désireux de se voir être ainsi volé, le jeune homme releva instinctivement les mains pour mettre l’élastique hors de portée de la blonde. Ce qui s’avéra être un très mauvais choix stratégique, comme il put s’en rendre compte quelques secondes plus tard. En effet, à peine le morceau de caoutchouc fut-il exposé au-dessus de la table que Loa s’en emparait grâce aux facultés paranormales qu’elle avait déjà démontrées précédemment. La surprise d’une telle réactivité se mêla rapidement à un certain mécontentement que Leo ne chercha pas à dissimuler. Il se laissa tomber un peu plus contre son dossier sans quitter des yeux sa voleuse qui exhibait fièrement son trophée en même temps que ses dents et résista à l’envie de se jeter sur elle pour reprendre son bien par la force. Ils se trouvaient en public et n’avaient plus dix ans, que diable. D’ailleurs, en parlant de public, ils avaient eu de la chance que personne n’ait remarqué ce que la jeune fille venait de faire. Se promettant de la sermonner sur ça dès que l’ambiance aurait perdu son aspect compétitif, Leo se fit la remarque que Loa était la seule à pouvoir lui faire perdre son vernis de « jeune homme bien sous tous rapports », ce qui était somme tout un exploit du point de vue de quiconque le connaissait.

- Un problème peut-être ? lança la peste avec une candeur qui aurait pu passer pour vraie s’il ne l’avait pas aussi bien connue.

Un regard noir lui fut offert comme seule réponse alors que l’Italien se disait que l’impertinence de la blonde finirait par lui causer des problèmes. Au moins avait-elle la chance de ne pas pouvoir se faire mettre la tête au carrée, relativisa-t-il. Un signe au serveur, qui était déjà venu pour rien, fut fait par Loa et, après avoir réalisé qu’il risquait certainement sa place en nous faisant attendre, le jeune homme s’approcha de nous avec l’air d’un innocent sur le point d’être exécuté. Ce qu’il n’était pas loin d’être, il était vrai.  Tout comme Leo, au vu de l’expression qu’arbora la blonde en se retournant vers lui. Décidément, ce mélange d’amabilité et d’innocence ne lui allait vraiment pas au teint.

- Tu as bien dit que je pouvais choisir ce que je voulais, n’est-ce pas ? s’enquit-elle avec une onctuosité bien pire que tout ce qu’elle avait fait d’hypocrite jusque là.

La façon dont elle avait posé la question fit vraiment regretter à l’Italien son côté généreux. Il devrait savoir, à force, qu’avec Loa, la sympathie minimale était requise et qu’il ne fallait surtout pas faire plus au risque de se faire plumer comme un pigeon. Le proverbe « donnez-lui la main, il prendra le bras » convenait parfaitement à la jeune femme, quand elle avait décidé de faire la peste. Ce qui lui arrivait, disons, dans les quatre-vingt-quinze pourcents de son temps. Néanmoins, avec le même courage qui avait fait se déplacer le serveur, il hocha la tête et attendit ce que son acquiescement allait provoquer comme catastrophe. Le signe précurseur fut le sourire narquois qui reprit sa place sur le visage fin de la jeune femme et qui fit légèrement plisser les yeux à Leonardo. Il était aux aguets.

- Mon ami souhaiterait expérimenter la nourriture au moyen de baguettes.

Pardon ? L’interjection faillit lui échapper mais un claquement sec dans l’air, provenant de l’élastique que Loa gardait entre ses doigts et qu’elle venait de faire claquer avec toute la maîtrise d’un maître BDSM, l’encouragea à garder le silence. Pour relativiser, il se dit que ce n’était pas si terrible et qu’il n’avait qu’à prendre quelque chose qui se mangeait facilement avec les doigts ou qui pouvait s’embrocher sans trop de difficultés. Déterminé à ne surtout pas céder à l’agacement, il observa le large sourire que Loa adressa au serveur et se dit que ce dernier devait certainement les prendre pour des fous furieux. Ce qu’ils n’étaient pas, évidemment. Du moins, pour lui. En ce qui concernait la blonde, il ne voulait pas se prononcer trop vite. Il ne la connaissait que depuis quelques mois, après tout, ce n’était pas grand-chose. La voix de la jeune femme lui permit d’arrêter de se désolidariser mentalement d’elle tandis qu’elle continuait d’essayer de ruiner son repas.

- Je compte donc sur vous pour lui en trouver un dont il peut se servir surtout, voire uniquement avec. Et qui soit un met appréciable au goût, cela va de soi.

Le « lui » qu’elle avait mentionné devait certainement renvoyer au mot « plat » et détruisait ainsi le projet de l’Italien. Sans rien dire, il se demanda toutefois par quel miracle, le serveur, qu’il ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam, saurait ce qui leur irait gustativement parlant. Une bouffée de compassion étreignit soudain le cœur de Leonardo tandis qu’il se disait que lui avait, d’une certaine façon, choisi de se traîner le fardeau que se révélait être Loa tandis que le serveur était un être innocent qui se trouvait juste au mauvais endroit au mauvais moment. La vie pouvait se montrer bien cruelle. Surtout quand elle prenait les traits de la blonde. C’est d’ailleurs pour cette raison que le brun hocha la tête quand le jeune homme se tourna vers lui pour qu’il confirme ce que Loa venait de dire. Celle-ci s’empressa ensuite de couper la parole à sa malheureuse victime pour ajouter vivement quelques mots à son propre sujet :

- Quant à moi, je prendrais la même chose mais je vous prierais de me fournir également une fourchette avec, je ne suis pas tellement fanatique des taches, voyez-vous. Et si me servir des baguettes me revient à me salir, je préfère avoir à disposition un élément plus pratique à utiliser.

Le culot de la blonde émerveilla une nouvelle fois l’Italien qui se demanda pour la millième fois depuis qu’il la connaissait, si elle trouverait un jour ses limites. Ou si quelqu’un finirait par lui en poser. Quelqu’un de très fort mentalement parlant et de très résistant, physiquement parlant. Quelqu’un qui aimerait aussi la jeune femme pour lui pardonner des choses mais aurait suffisamment mauvais caractère pour qu’elle l’aime aussi. Une sorte de monstre de Frankenstein, en somme, puisqu’il paraît que c’était une bête très propice au pardon dès qu’elle se trouvait attachée à quelqu’un. Il ne restait plus au brun qu’à trouver son alter-égo londonien et Loa deviendrait enfin adulte. Il n’était pas sorti de l’auberge. Alors que le serveur n’avait rien demandé, Loa finit par le renvoyer loin d’eux et Leo se promit mentalement de ne plus jamais l’inviter au restaurant. Surtout qu’elle avait dit qu’elle paierait le prix fort en cas de besoin mais que c’était lui qui allait s’occuper de la note. L’envie puérile de lui donner un coup de pieds, fort, très fort, dans les tibias le démangea mais comme d’habitude, il se contint. Il avait vingt-six ans, que diable. Il était mature, lui. Pas comme l’autre peste, face à lui. Bougon comme un enfant, il se demanda combien de temps il lui faudrait pour ne plus supporter la jeune femme. Cette question lui était venue du fait qu’il lui pardonnait tout et qu’il se rendait compte que ça ne faisait que l’encourager, elle, à pousser le bouchon de plus en plus loin puisque ça l’amusait. Certes, ça l’amusait à lui aussi parfois, mais beaucoup moins longtemps qu’elle puisqu’il n’avait pas la chance d’être magique, lui. Et qu’elle profitait sans aucune mesure de son don. En plus, il n’avait même plus son élastique pour se détendre. Il avait bien envie de se lever et de la planter là pour la peine, tiens. Il avait assez à faire avec un Polonais troublant au bureau sans en plus avoir à supporter tous les caprices de son amie. La pensée qu’il y a quelques minutes à peine, c’était lui qui s’amusait à faire tourner en bourrique la jeune femme avait totalement déserté son esprit. Il venait d’atteindre inexplicablement son point critique, les yeux fixés résolument sur les sets de table.

- Tu sais que j’expérimente de nouvelles choses grâce à toi ? dit-elle soudain avec la candeur habituelle qu’elle semblait désormais affectionner pour s’exprimer.

Levant son regard sur son visage, il la dévisagea sans manifester d’expression concrète et haussa les épaules, l’air de signifier qu’il s’en fichait. La seule chose qui l’intéressait présentement était de regagner son appartement, de manger un sandwich et de se mettre au lit, seul, sans personne pour agir comme un enfant ou le faire réagir lui comme un gamin. De fait, il se redressa sans accorder davantage d’attention à Loa, sortit un billet de cinquante livres de son portefeuille, le déposa sur la table et quitta sa compagne, sa veste posée sur le bras. Le serveur lui demanda si tout allait bien, lorsqu’il le croisa en gagnant la porte, et il acquiesça d’un signe de tête avant de gagner la rue. L’air frais de la nuit lui fit du bien. Enfilant son manteau pour ne pas attraper froid, le jeune homme mit ses mains dans ses poches et resta à proximité du restaurant chinois sans bouger, les yeux perdus dans le ciel. Maintenant qu’il était à l’extérieur, loin du bruit des autres personnes et du caractère provocant de Loa, il se demandait ce qui lui avait pris. Ce n’était pas lui à réagir ainsi, impulsivement. Il avait toujours été quelqu’un de réfléchi, de calme et de patient, lui. Une véritable crème de garçon qui détestait les conflits et cherchait tout le temps à contenter tout le monde. Mais là, il se trouvait brusquement très fatigué, très las. Néanmoins, il fit demi-tour et rentra dans le restaurant, le regard de quelques clients s’accrochant à lui tandis qu’il remontait jusqu’à la table que Loa n’avait pas quitté. Un sourire amer se dessina sur les lèvres du jeune homme et il se réinstalla avec calme à sa place, replaçant soigneusement son manteau sur le dossier de sa chaise pour ne pas le froisser.

- Je ne suis qu’un sujet d’expérimentations pour toi, Loa ? demanda-t-il franchement, avec le même ton qu’il aurait utilisé pour lui demander l’heure ou si elle savait où se trouvait les waters. Réponds-moi avec sincérité que je sache, reprit-il en la regardant avec douceur, ses yeux clairs n’exprimant aucune méchanceté. Juste le désir de savoir comment se placer. Tu n’es pas une fille comme les autres, tu es une peste, une vraie, et je sais que peu de gens peuvent te supporter. D’ailleurs, je me demande moi-même parfois comment j’y arrive alors dis-moi à quel statut mes efforts m’ont porté.

Le ton de sa voix n’avait pas changé tandis qu’il exprimait le fond de sa pensée sans chercher à la dissimuler. Le temps n’était plus aux jeux de pouvoirs, de domination de l’autre. Le temps n’était plus aux expériences malsaines. Le temps était à la purification d’une relation à laquelle Leo ne pouvait s’empêcher de tenir malgré tout. Il savait que Loa n’était pas quelqu’un de facile à vivre. Il admettait que ce soit dans son caractère mais là, il n’arrivait juste plus à soutenir son besoin de domination, de reconnaissance d’une certaine façon. Il voulait lui faire comprendre qu’elle n’avait pas besoin de l’écraser pour exister. Ca pouvait sembler malvenu de sa part à lui qui s’amusait à la provoquer avec des surnoms mais le fait qu’il agisse ainsi seulement avec elle était somme toute révélateur. Elle le poussait à agir de cette façon et il refusait d’être le « Leo de Loa ». Il voulait être constamment le « Leo de Leo ». Pas plus, pas moins. Juste lui. Parce que dans une relation amicale, c’était ainsi que ça fonctionnait : on aimait l’entièreté de la personne pour ce qu’elle était vraiment, pas pour ce qu’elle pouvait être avec nous par facilité.
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Loa Holtailis
    Date de Naissance : 07/05/1992







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MessageSujet: Re: Âme Strame Gramme || Loo   Âme Strame Gramme || Loo - Page 2 EmptyVen 17 Fév 2012 - 17:22

J’avais sans doute poussé le bouchon trop loin. Mais ce ne fut qu’après que je m’en rendis vraiment compte. Le regard de Leo semblait brusquement las, comme s’il abandonnait. Et c’était ce qu’il faisait ; il abandonnait. Il haussa les épaules, sans toutefois parler. Il n’en avait strictement rien à faire, pour être polie. Et pourtant, encore à ce moment-là, tout était un jeu pour moi. Le pousser à bout était une de mes occupations favorites en sa compagnie, et puisqu’il ne partait pas, je continuais. Seulement là, c’en était trop. Il se leva, déposa de l’argent sur la table et partit, sa veste sur le bras. Je le suivis des yeux jusqu’à ce qu’il sorte, pas vraiment décidée sur la façon dont je devais réagir. Lui courir après était une possibilité comme une autre, même si ce n’était pas mon genre. Mais même en le connaissant depuis peu, je me doutais que Leonardo n’agissait pas ainsi par pure envie, juste pour me tester. Il en avait sans doute ras le bol de moi. Ce qui devait bien arriver un jour. J’étais une vraie peste, et il m’avait déjà supporté un bon moment. Le regard braqué sur la place qu’il occupait quelques instants seulement auparavant, je réfléchissais à ce que je devais faire. Au vu des événements récents, le poursuivre ne ferait qu’aggraver la situation. Je devais donc lui présenter mes excuses plus tard. La pensée de cette idée faillit me faire sourire, ou peut-être vomir, à vrai dire. M’excuser ne faisait pas partie des choses que je faisais habituellement ; seule Hanna y avait eu droit. A de sincères excuses, s’entend. On m’avait déjà forcée, mais je ne les pensais pas réellement. Et le fait que je veuille m’excuser auprès de Leo indiquait combien, même en quelques mois, je m’étais attachée à lui. Comme quoi, même une peste en mon genre en est capable. Je doutais qu’il veuille encore entendre parler de moi, mais je comptais sur son caractère de Saint comme aide.

Je ne fis pas particulièrement attention à la personne qui entrait dans le restaurant, persuadée que c’était un autre client et qu’il ne valait absolument pas la peine que je me déconcentre de la façon dont je pouvais faire comprendre à Leo que je lui présentais de sincères excuses. Ce qui n’allait pas non plus être facile pour moi, même s’il les méritait, après tout ce que je lui avais fait endurer. Néanmoins, je dus rapidement me rendre compte que l’objet de mes pensées avait dû finalement faire demi-tour puisqu’il avait repris la place face à moi et qu’il était évident qu’il n’avait pas réapparu par la force du saint esprit. Et son sourire amer laissait entendre que je n’aurais sans doute pas tort de mettre mon plan à bien, même si la situation s’améliorait un tant soi peu de mon point de vue.

- Je ne suis qu’un sujet d’expérimentations pour toi, Loa ? Réponds-moi avec sincérité que je sache.

Dire que quelques minutes seulement auparavant je m’amusais follement à tourmenter notre serveur me paraissait bien lointain. Et c’était sans aucun doute un moment bien plus amusant que celui-là. Car autant Leonardo à son habitude ne s’énervait pas et me parlait avec franchise de manière calme et posée, autant la conversation ne m’emballait absolument pas. Je savais que je devais m’excuser, mais ce n’était pas pour autant que j’appréciais de le faire. Parler franchement de ce que je ressentais, de ma vision des relations que j’avais avec les gens que j’appréciais et aimais, était loin, bien loin d’être une partie de plaisir. C’était un véritable calvaire à mes yeux, à vrai dire. Et pourtant, il le fallait bien, parfois. Ce n’était pas comme si je regorgeais d’amis.

- Tu n’es pas une fille comme les autres, tu es une peste, une vraie, et je sais que peu de gens peuvent te supporter. D’ailleurs, je me demande moi-même parfois comment j’y arrive alors dis-moi à quel statut mes efforts m’ont porté.

J’admettais tout à fait correspondre à la perfection à sa description. Et dans un autre cas de circonstances, j’aurais été plus que fière de l’affirmer. Mais l’heure n’était, malheureusement, plus aux blagues et jeux en tous genres que nous affectionnions en temps habituel. Et comme l’Italien en avait fini, c’était à mon tour de m’exprimer. Pendant une seconde, je pensai à m’en aller, tout bonnement, car c’était mon genre de fuir de telles situations. Mais je balayais l’idée en secouant légèrement la tête et répondis à Leo :

- Je suis désolée.

Rien que ces trois petits mots eurent du mal à sortir et je me retins de faire la grimace. Dieu que c’était bien plus simple de tendre le bras et d’envoyer valser quelqu’un. Plus amusant et divertissant également. Mais je n’allais pas non plus laisser le temps à mon cher interlocuteur d’être ébahi ni de le laisser croire que j’allais en rester là car j’avais pris quelques instants auparavant la résolution de lui répondre avec sincérité, ce qui incluait donc que j’en dise plus que cela. Je rompis donc une nouvelle fois le silence, quelques secondes plus tard.

- Tu n’es pas un sujet d’expérimentations, du moins, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Tu es… un ami pour moi. Ou peut-être plutôt le frère que je n’ai jamais eu.

Ca y est, j’étais en passe de verser dans le mélodramatique et j’étais partie à parler de ma famille, chose que je n’avais jamais faite auparavant en sa présence. Mes parents ne valaient même pas la peine qu’on les évoque. Et pour casser un peu l’ambiance qui s’axait bien trop aux révélations à mon goût, je ne pus m’empêcher de murmurer : « En plus maniaque. » Leo n’avait sans doute pas entendu, ce qui valait peut-être mieux.

- En bref, tu comptes beaucoup pour moi.

Je le fixais droit dans les yeux et espérais qu’il ne prendrait pas cela pour une mauvaise blague. J’avais déjà bien assez de mal à lui dire ce genre de choses sans être en plus obligée d’argumenter et donc de me lancer sur le sujet pendant des heures. Je n’en serais pas de capable, de toute manière. Je préférais que l’on me torture, c’était dire. Ce que j’aurais apprécié qu’un décodeur soit fourni aux gens que j’appréciais plutôt que de devoir m’exprimer par moi-même.

- Mais si on pouvait éviter de tomber dans le mièvre et la guimauve, j’apprécierais tout autant. Oui, je suis sincèrement désolée. Mais comme tu le dis si bien, je suis une peste, une vraie, pure et dure. Alors si tu t’attends à de grandes confessions, je peux d’ores et déjà partir. Car je peux comprendre que tu en aies marre, mais je ne changerai pas pour autant de personnalité d’un claquement de doigts.

Voilà qui était dit, et même s’il y avait de grands risques pour que Leo se lève à nouveau et ne parte pour de bon, ce n’était que pure vérité. Je lui parlerais de mon passé plus en détails en temps voulu, comme je l’avais fait avec Hanna. S’il acceptait toutefois de rester. J’étais loin d’être sympathique, adorable, serviable ni même généreuse. Je collectionnais les défauts et les astiquais régulièrement pour les conserver. Car de mon point de vue, ce n’était franchement pas plus mal de n’avoir que de rares amis. L’être humain en général me dégoutait. J’admettais que des exceptions pouvaient être faites, mais de là à en apprécier tout le monde… La marge était grande. Et c’était aussi pour ça que j’appréciais plutôt les morts et me dirigeais vers cette branche. Au moins, ceux-là me foutaient la paix. Et puis, en ne réduisant mon cercle d’intimes qu’à un nombre limité de personnes, j’avais moins de risques qu’ils ne m’abandonnent comme mes parents l’avaient fait. Cette pensée en entraînant une autre, j’oubliais un instant le brun en face de moi pour me demander si ma vie aurait été différente si mes parents n’avaient été si préoccupés par leur travail et m’avaient accordé de leur temps et leur attention. Sans aucun doute. Mais je n’aurais pas rencontré Hanna, ni Leo. Et le passé restait tel qu’il était. Mes parents avaient peut-être contribué à ce que mon caractère soit si odieux, si difficile à supporter. Mais toujours était-il que j’avais tout de même réussi, que sans être très intelligente, j’avais les moyens de continuer et que j’avais certes de rares amis mais sur qui je pouvais compter. Même si cela m’en coûtait de leur dire.


Dernière édition par Loa Holtaïlis le Lun 8 Avr 2013 - 22:03, édité 1 fois
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Leonardo Sacritorian
    Date de Naissance : 31/08/1985

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MessageSujet: Re: Âme Strame Gramme || Loo   Âme Strame Gramme || Loo - Page 2 EmptyDim 11 Mar 2012 - 16:04

Durant un instant, Leonardo crut que Loa allait se moquer de lui ou s’en aller, à son tour, sans toutefois revenir. C’eut été le comportement adéquat pour la peste qu’elle était. Mais elle secoua la tête et une sorte de profond soulagement naquit au sein du jeune homme. Par ce simple geste, elle venait de prouver qu’elle tenait à lui. Il ne savait pourtant pas à quoi elle se référait en faisant cela mais elle l’avait apaisé. Les mots qui suivirent de près le balancement de sa tête ne firent que lui donner raison dans son interprétation instinctive :

- Je suis désolée.

L’Italien connaissait son interlocutrice. Il savait ainsi le dégoût que ces mots lui inspiraient et comprenait l’effort qu’elle avait fait pour les lui adresser. Par cela même, il commençait à se rendre compte de l’affection qu’elle avait pour lui. S’il n’avait été qu’un jeu, elle n’aurait fait que l’enfoncer mais là, ce n’était pas le cas. Loin de là. Elle acceptait de déposer les armes, de parler franchement, sans feintes, ni ruses. Quelques secondes de silence passèrent et Leo n’était pas sûr que ce soit à lui de parler. Peut-être que prononcer ces trois mots avait vidé la jeune femme de ses forces, tant elle n’était pas habituée à le faire sans ironie. Son hésitation se trouva néanmoins dissipée par la blondinette qui reprit la parole avec une certaine crispation :

- Tu n’es pas un sujet d’expérimentations, du moins, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Tu es… un ami pour moi. Ou peut-être plutôt le frère que je n’ai jamais eu.

Si Leo avait été remonté contre elle, il y avait moins de dix minutes, il se trouvait présentement sur le point de se lever pour l’enlacer, les yeux brillants de larmes. Sachant que ce n’était pas un comportement approprié dans un lieu public et, surtout, que Loa n’apprécierait pas, il s’abstint mais ne put s’empêcher d’être ému. Elle le voyait donc de la même façon que lui la voyait. Tout occupé qu’il était à ne pas trop montrer son ravissement, il n’entendit pas les trois mots que rajouta la blonde à voix basse mais ne manqua pas la phrase qu’ils précédaient :

- En bref, tu comptes beaucoup pour moi.

Ses yeux dépareillés l’observaient sans détour et il put y lire de la sincérité à l’intérieur. Bien qu’il n’ait jamais douté de la véracité des propos qu’elle lui tenait, cela augmenta le plaisir qu’il ressentait à enfin connaître son statut vis-à-vis d’elle et il se détendit franchement contre le dossier de sa chaise.

- Mais si on pouvait éviter de tomber dans le mièvre et la guimauve, j’apprécierais tout autant. Oui, je suis sincèrement désolée. Mais comme tu le dis si bien, je suis une peste, une vraie, pure et dure. Alors si tu t’attends à de grandes confessions, je peux d’ores et déjà partir. Car je peux comprendre que tu en aies marre, mais je ne changerai pas pour autant de personnalité d’un claquement de doigts.

Aussitôt après avoir entendu ces mots, il se redressa et une sorte de jeunesse vint illuminer son visage tant il était insurgé par ce qu’il venait d’entendre. Comme un adolescent prêt à soulever des montagnes pour défendre sa cause, surtout lorsqu’il était incompris de ses pairs, il eut envie de protester vigoureusement contre sa dernière phrase. Jamais il n’avait voulu qu’elle change. Il avait simplement désiré mettre les choses au clair avec elle. Ne plus ressentir une quelconque ambigüité entre eux, ne plus ignorer où finissait le jeu et où démarrait la vérité. Elle venait de lever le voile. Il ne lui en demandait pas plus. Jamais de la vie. Gardant ses yeux vairons dans les siens, il tendit la main et la posa sur l’une de celle de Loa sans toutefois l’attraper véritablement. Il savait que les contacts de ce type ne faisaient pas partie des préférés de la jeune femme et aspirait à lui faire comprendre qu’elle pouvait enlever sa main sans que cela soit senti comme un rejet. Ce contact physique établi, il fut temps pour lui de répondre :

- Merci. Merci d’avoir choisi la difficulté et de m’avoir répondu. Mais, s’il te plaît, ne sous-entends plus jamais que je t’ai demandé de changer.

Il inspira profondément pour chasser l’émotion qui menaçait d’exploser dans sa gorge puis retira sa main qui alla récupérer l’argent laissé précédemment sur la table. Il le rangea avec son soin habituel dans son portefeuille avant de relever les yeux vers son interlocutrice :

- Et je suis persuadé que je m’en sortirai parfaitement bien avec les baguettes, lâcha-t-il d’un ton désinvolte alors que leurs plats arrivaient, servis par un serveur dont le regard curieux indiquait bien à quel point il les trouvait étranges.

Ni Loa, ni Leonardo ne relevèrent cela, occupés qu’ils étaient à déterminer ce qui se trouvait devant eux. De gros cylindres blanchâtres, à l’intérieur desquels les silhouettes de quelques crevettes se découpaient, entourés de salade et servis avec plusieurs sauces trônaient dans leurs assiettes. Adressant une expression interrogatrice au serveur qui les observait pour savoir si ce qu’il leur avait apporté leur convenait, Leonardo s’entendit expliquer qu’ils avaient devant eux des rouleaux de printemps avant que l’homme ne s’éloigne en direction d’une autre table. Un sourire victorieux naquit sur le visage de l’Italien tandis qu’il se saisissait à pleine main d’un cylindre et le trempait délicatement dans l’un des ramequins de sauce.

- Bon appétit, Loadorable, déclara-t-il dans un demi-sourire avant d’engloutir la partie supérieure du rouleau dans sa bouche.

Le goût des pousses de soja, de la menthe et des crevettes dominait le tout, suivi de près par le riz qui devait se retrouver dans n’importe quel plat chinois. Mâchant précautionneusement, Leonardo eut tôt fait de trouver ce qu’il mangeait délicieux et ne tarda pas à finir son premier rouleau. Laisser choisir les serveurs pouvait s’avérer être une bonne idée si cela donnait à chaque fois de tels résultats, songea-t-il en s’attaquant à son second rouleau qu’il agrémenta d’une autre sauce, plus sucrée que la première. Occupé par sa dégustation, il en oubliait totalement l’atmosphère grave qui était pourtant présente quelques instants auparavant entre eux et lorsqu’il fut à la moitié du second cylindre, la pensée qu’il pourrait demander à son interlocutrice ce qu’elle pensait de ce qui leur avait été apporté lui traversa l’esprit. Puis il se dit que le demander simplement de cette façon n’avait rien d’intéressant et trouva immédiatement une façon de relancer la conversation tout en gardant la question de courtoisie :

- J’espère que tu ne te fatigues pas trop à utiliser ta fourchette, ma puce, lança-t-il, moqueur, avant de poursuivre : comment trouves-tu ça ? Plutôt bon, non ?

Il savait qu’il n’aurait peut-être pas du les ramener sur le terrain des moqueries mais tant que cela restait bon enfant, il ne devrait pas y avoir de problèmes, se rassura-t-il en continuant de déguster son plat dont il voyait arriver la fin avec une certaine tristesse.
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