You were so kind with me, but it was before... Norah&Damon

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You were so kind with me, but it was before... Norah&Damon 28285_1292224969_100_100

Dans sa luxueuse Volvo à la carrosserie noire, Norah grognait. Elle détestait les embouteillages. Et encore plus ceux qui se déroulaient lors des journées chaudes comme celle-ci. Elle n’avait pas ouvert la fenêtre de sa portière, détestant sentir l’air pollué, et enclencha la climatisation. Depuis qu’elle était partie de chez elle, elle avait parcourut seulement quelques dizaines de mètres. Elle maudissait les travaux qui s’effectuaient dans la ville de Londres et se maudissait encore plus d’avoir choisit ce moyen de transport. Elle voulait se fondre dans la masse des humains, afin de mieux réussir sa mission, mais elle en subissait les conséquences. Elle alluma l’auto-radio et fut surprise de tomber sur une station locale. Une musique qu’elle connaissait bien s’échappa des enceintes et elle battit la mesure au rythme de la musique.

Elle entendit un klaxon retentir derrière elle, la circulation avait repris. Elle ouvrit sa fenêtre et fit un geste obscène à son interlocuteur aussi maussade qu’elle. Satisfaite, un sourire mesquin se dessina sur ses lèvres. Elle avait oubliée où elle avait décidée d’aller, et se frappa intérieurement. Ce qu’elle pouvait être dans la lune ces derniers temps ! Après réflexion, le centre commercial sembla le lieu le plus approprié pour observer les stupides humains faisant leur courses, s’extasiant devant des vitrines hors de prix. Elle prit donc la sortie qui la mènerait à la zone commerciale. Elle remarqua alors que la voiture la suivait et s’en énerva très vite. Elle détestait se sentir bloquée, confinée, et si l’homme au volant de la pauvre Mercedes voulait jouer, il serait satisfait. Elle se gara dans le parking souterrain, éteignit le contact et attrapa son sac. Elle sortit et remarqua que le temps s’était rafraichit. Elle soupira, hésita, et finalement, ne prit pas de veste. Elle était habillée d’un jean en cuir noir qui mettait ses formes en valeurs, ainsi que d’un débardeur décontracté. Norah se dirigea vers l’entrée du centre, lorsqu’un bruit vint frapper ses tympans. C'était des pas et elle sut aussitôt que quelqu’un la suivait de nouveau. On aurait pu croire qu’elle était paranoïaque, mais ce n’était pas ça, elle se méfiait juste, sachant qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même. Elle l’avait toujours fait.

Elle se retourna et vit un homme au physique charmant devant elle. Il devait avoir la vingtaine un peu plus, et il dégageait un aura triste et torturé qui en donnait mal à la tête.. Les cheveux courts, il aurait pu sortir tout droit d’un film de James Bond, habillé d’un costume hors de prix. Néanmoins, il semblait sympathique et Norah ne parvint pas à déceler une once de méchanceté en lui. Il tenait dans sa main les clés d’une voiture et la brune reconnut la marque de celle-ci. Aussitôt, elle se sentit complètement idiote. L’homme face à elle n’était autre que le propriétaire de la Mercedes et il devait certainement la trouver carrément odieuse. Eh bien tant pis! Après tout, c’était lui qui avait commencé à la provoquer en la klaxonnant. Après quelques secondes de silence très gênant elle décida de rebrousser chemin et de rentrer chez elle. Le centre commercial n’était finalement pas un lieu banal. D’un pas assuré et fier, elle passa devant l’homme et le frôla presque. C’est alors qu’elle sentit son odeur, une odeur qu’elle n’aurait jamais pu oublié. De surprise, elle s’arrêta et dévisagea l’inconnu.. Elle n’aurait jamais pensé qu’elle ne contrôlait pas la situation tant que ça, que son passé aurait pu la rattraper.

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En cette journée ensoleillée, Damon errait sur les routes, au volant de sa grosse Mercedes noire. Un engin imposant aux vitres teintées que le jeune homme avait choisi, sans doute pour rendre sa présence encore plus impressionnante chaque fois qu’il se pointait quelque part. Mais qu’importe où il allait, car de toute façon, il finissait toujours par attirer les regards sur lui. Il en avait pris la fâcheuse habitude, et cela commençait à l’indifférer complétement. Alors il ne se privait plus d’aucune fantaisie et cédait souvent à ses pulsions d’achats compulsifs ou anticonformistes. D’humeur plutôt joyeuse et déterminée, il s’était mit à fredonner un air qu’il avait entendu quelques heures plus tôt à la radio, dans le but de se détendre et d’essayer de supporter la chaleur cuisante qui commençait sérieusement à rendre le trajet insupportable. Le ciel azur et le beau temps réussissaient tout de même à l’adoucir un peu. Ce qui n’était pas moindre, lorsque l’on connaissait les mauvais jours du dandy.
Il abordait une tenue coûteuse, un costard sur-mesure et parfaitement taillé assez inconfortable qui ne le rendait que plus sûr de lui et encore plus intimidant. Cela dit, ce n’était pas par simple caprice qu’il s’était approprié cet accoutrement purement et bassement matériel. Non, en réalité, il commençait sérieusement à être fauché depuis son emménagement à Londres. « Sérieusement » étant un euphémisme, il avait enfin décroché un entretien pour le job qu’il voulait en tant que concepteur-rédacteur publicitaire pour une boîte de prêt-à-porter. Alors autant se mettre sur son 31, et foutre ses habits difformes de côté. Sortir le grand jeu et frapper un grand coup. Il faisait confiance en ses capacités de création, et en son imagination… mais pas en son apparence de cadavre errant.
Lorsqu’il entreprit de regarder sa montre, il sentit son cœur défaillir en apercevant les aiguilles sur le cadran. Il ne lui restait que cinq bonnes minutes pour arriver jusqu’au centre commercial, ou il serait en retard… Oh, eh bien voilà, il était en retard.

- Mais c’est pas croyable, avance bordel ! pesta-t-il à l’attention de la conductrice devant lui qui n’avançait pas assez rapidement à son goût.

Son coup de klaxon lui value un doigt d’honneur en belle et due forme. Charmante et distinguée, la demoiselle, et ce n’est pas peu dire ; on pouvait entrevoir un bout de son sourire mesquin dans l’un de ses rétroviseurs. Froissé, Damon ruminait en la suivant. Tant pis pour l’entretien qu’elle venait de lui faire rater, et surtout tant pis pour elle, elle paierait les pots cassés. Conscient d’énerver la jeune femme en jouant les espions ravisseurs, il ne put se retenir de jubiler intérieurement. Il commençait à peine à lui rendre la monnaie de sa pièce, et cela l’attisait terriblement, ce qui ne manqua pas de l’interpeler ; jamais il ne ressentait sentiment semblable, et n’adoptait pareil comportement. Du moins, plus depuis longtemps. Plus depuis certaines personnes. Et sûrement pas avec une pauvre inconnue.
Ils ne tardèrent pas à gagner un parking souterrain, tous les deux. Damon aux trousses de l’impolie propriétaire de la Volvo. Alors qu’elle se garait, celui-ci suivit. Il ne porta pas immédiatement son attention sur sa future interlocutrice, bien trop occupé à sortir assez rapidement de la voiture pour ne pas la rater. Alors qu’il lui emboitait le pas, la suivant activement, courant presque, il plongea intensément son regard sur la silhouette gracieuse et scruta l’inconnue. Soudain, le bruit de ses pas se perdit dans un silence macabre. Il ne put bouger plus. Stoïque au milieu du sombre et frisquet parking, son passé lui fouetta une nouvelle fois le visage comme une brûlante et douloureuse claque en pleine figure. Un sentiment déplaisant s’abattit violemment sur lui, encombrant son torse d’un poids irréel et invisible qui l’empêchait de respirer correctement. Une brume épaisse et lourde se répandit partout à l’intérieur de sa poitrine, lui enveloppant le cœur et titillant quelques-unes de ses cicatrices et écorchures cardiaques. Les leurs, les siennes. L’inconnue n’en était pas une. A sa démarche envoûtante, son corps mystique, et ses formes galbées qu’il se souvenait avoir tant de fois exploré et touché du bout de ses longs et fins doigts, ça ne pouvait pas en être une. Inévitablement. Affolé, perdu, Damon ferma un instant les yeux comme pour essayer de remettre ses idées en place. C’était impossible, impossible. Et plus il se répétait ce mot, plus le mot « possible » lui revenait en pleine figure, s’exposant telle une évidence, une éventualité. Cette envie irrésistible et perverse de l’énerver, de la suivre, tout ce qu’il avait ressenti tout le long de leur trajet s’expliquait finalement de façon rationnelle. Si c’était elle, il était normal qu’il sente une haine exécrable bouillir et s’accroitre dans ses veines.
Le choc fut encore plus rude quand la jolie brune se retourna pour lui faire face et le dévisager, perplexe. Son regard cuisant se posa un instant sur les clés de voiture que tenait Damon entre ses mains, avant de fuir évasivement ceux expressifs, du jeune homme. Alors qu’elle commençait à marcher en sens inverse, pour retourner à son véhicule, apparemment apeurée et résolue, Damon susurra son prénom dans un chuchotis rauque et presque inaudible :

- Norah…

Elle s’était arrêtée quelques secondes auparavant, le frôlant de manière insoutenable. Elle semblait l’avoir reconnu. Presque immédiatement et sans réfléchir, Damon lui avait saisi fermement le bras pour la ramener contre lui. Norah grimaçait sous la force de son empoignement, mais rien ne semblait arrêter le dandy. Hargneux et dévasté par la haine, il plongea son regard dans celui de son ancienne marionnettiste. A ce moment précis, il n’était plus maître de lui-même. Les plaies venaient de se ré-ouvrir, les soudures avaient craqué sous la violence du coup, et rien ne pouvait empêcher les dégâts que tout cela causerait. La surprise l’avait pris de court, et tout lui giclait à la gueule, salement. Il sentit son cœur et son estomac se tordre sous les souvenirs sanguinaires et tortueux qui le reliaient à la jeune femme. La détresse et l’incompréhension que son départ avait laissé dans sa vie. La haine, douloureuse, et mauvaise, qu’il ne cessait d’alimenter depuis des années dans l’espoir de la retrouver et de lui faire payer ses manèges et coups bas hypocrites. Et elle se tenait là, devant lui, dans une posture particulièrement désobligeante. En situation de faiblesse. Servie sur un plateau d’argent. C’était si facile. Il pourrait la briser comme une allumette, d’un simple coup derrière la nuque.
Saisi d’une folie vengeresse, proche de l’hystérie, Damon poussa violemment Norah contre l’un des murs en béton du parking. Il lui saisit la gorge, ses doigts moites se resserrant dangereusement autour de celle-ci, douce et délicieuse. Toujours sans prononcer un mot, il s’enivra du parfum délicat et boisé de la belle brune, mais resta dur comme la pierre. Inflexible et terrifiant. Seule sa respiration saccadée prouvait qu’il était lui aussi dans un état plus que pitoyable. Du moins, à l’intérieur de lui-même, cela devait être le pire des désordres.

- Comme on se retrouve… lâcha-t-il, trop calme. Tu n’as pas changé d’un poil.

Alors qu’il resserrait de quelques dixièmes de seconde son emprise jouissive, dans l’unique but d'affoler sa victime une dernière fois il finit par la lâcher et se reculer de quelques pas, la laissant haletante et bouleversée. Il se sentait triomphant, mais redoutait d’être pris d’une nouvelle pulsion. Il avait des envies de meurtre.

- Tu restes cette petite garce égocentrique d’antan.