Courir sans perdre l’allure, ne pas s’arrêter et continuer sans jamais se retourner. Ne jamais se préoccuper des autres, toujours viser le plus haut. Avoir un but, et s’y tenir quoi qu’il arrive. Être le meilleur, se battre, et sans jamais abandonner. Être quelqu’un d’exceptionnel. Tout ça, Seth Reed Dowson l’était depuis sa plus grande enfance déjà. Il avait acquis un mental de fer, si bien qu’il ne connaissait aucun coup de blues, comme les faibles pourraient appeler leur chute de tension. Non Seth était véritablement fort et intelligent. Il n’avait jamais eu de moments de faiblesses et s’en était toujours sortit. Seth était quelqu’un de fascinant et effrayant à la fois. C’était juste une question d’âme, de bien et de mal. Pour lui, tout ceci n’existait pas. Pour lui seul le sauvage le guidait. Il était incontrôlable et cela pouvait parfois tourner au drame, mais au final il savait se rendre discret, et fort.

Encore une fois, Seth prouvait qu’il était quelqu’un d’important. Toute la journée, il avait voyagé entre le présent et le futur, pour essayer de trouver des réponses à ses questions. Il avait quelques jours auparavant découvert l’existence d’un livre datant du huitième siècle, peut-être même plus tôt. Cet ouvrage parlait d’une prophétie, vraiment étrange, qui parlait de son monde... Et pour une fois, Seth prenait au sérieux les vieux écrits. Malheureusement, c’était en latin que le livre avait été rédigé, et le jeune homme n’avait jamais vraiment pris la peine d’apprendre à lire cette langue morte depuis bien des siècles. Alors qu’il se rendait à la bibliothèque nationale, dégradée par des voyous en tout genre, il avait aperçu l’ombre d’une silhouette qu’il aurait reconnut entre mille. Sans aucune hésitation, il la suivit, à travers les ruelles sombres et délabrées. Il ne bougea pas d’un pouce, lorsqu’il marcha sans le vouloir sur la main d’un clochard et continua sa route jusqu’au bout du chemin: le bar le plus connu de la ville était toujours éclairé par des lumières qui devaient coûter énormément chers et qui n’étaient sûrement pas écologiques. Seth adorait venir dans ce bar, lieux où beaucoup de choses étaient révélés. C’était quelque part, son repère, l’endroit qui le ramenait à la dure réalité, qui lui rappelait que tout le monde était vulnérable en période de crise et de chaos.. Tout le monde excepté lui, évidemment.

Il vit devant le bâtiment classe, la personne qu’il recherchait. Aloysius Vasteels. Le blond connaissait ce vagabond depuis quelques années déjà. Ils s’étaient rencontrés dans le futur, bien évidemment, après la période de famine qu’avait connu Londres. Seth était alors un petit loup ravageur et sauvage, et avec Aloysius, le courant était tout de suite passé. Cela faisait un moment que le jeune vagabond n’avait pas entendu parler de son ami, et il avait hâte de découvrir ce que faisait le bienfaiteur devant le bar le plus célèbres de Londres.. Il s’approcha donc, entrant dans la lumière des spots et avec un sourire malin il toisa son ami. La soirée promettait d’être encore plus intéressante que prévu. Les retrouvailles risquaient d’être.. piquantes !

Fuck yourself and fuck your cigarette
Take your chances take your liberties
Fuck yourself and fuck your cigarette
Take your chances take your liberties

La forme allongée et circulaire d’un tube de papier blanc rempli de tabac ; le rectangle à la partie supérieure arrondie d’un briquet. La rencontre des deux au niveau de la bouche d’Aloysius Vasteels. Comme chaque jour, à une fréquence d’environ une toutes les demi-heures, le jeune homme était présentement en train d’allumer une cigarette avec un contentement presque palpable. D’un geste rodé par l’habitude, il fit tourner la molette ce qui produisit quelques étincelles tandis que la pulpe de son pouce libérait le gaz et que sa seconde main formait un abri à la flammèche qui n’allait pas tarder à apparaître pour qu’elle ne soit pas éteinte par le vent. Une seconde plus tard, les étincelles et le gaz se retrouvaient pour former une flamme qui embrasa le bout de la cigarette, cramant le papier qui entourait le tabac autant qu’il l’allumait. Une volute de fumée commença à s’élever dans l’air et le Vagabond rangea son briquet dans sa poche avant de tirer avidement sur la première latte de sa cigarette. L’émanation toxique pénétra dans son œsophage avant de continuer son chemin jusqu’à ses poumons et Aloysius ressentit la brûlure qui accompagnait chaque cigarette qu’il prenait sans réellement en avoir envie. Une légère pointe de dégoût à sa propre encontre naquit dans le creux de son ventre mais il l’ignora, préférant reprendre sa marche dans les rues plutôt désertes du Londres de 2011.

La destination de sa soirée se trouvait être le bar le plus célèbre de Londres depuis la crise. Il s’appelait le « U’re the Next », était tout sauf discret et contenait plus de secrets qu’un tombeau papal, ce qui n’était pas peu dire. Le jeune homme y allait au moins une fois par semaine pour se tenir au courant des dernières nouvelles de la vie cachée de la ville et montrer qu’il était toujours là, afin de décourager ceux qui voudraient se lever contre lui. Il avait éliminé la plupart de ses adversaires, ce n’était pas pour que d’autres tocards encore plus paumés que les précédents n’essaient de venir lui mettre des bâtons dans les roues ou dans le ventre. Marchant d’un pas aussi souple que déterminé sur les trottoirs sales de la ville, il n’hésitait pas à parfois les abandonner pour utiliser des passages plus dangereux mais également plus rapides pour se rendre au bar. Il ne croisait personne, ou du moins personne de notable, les gens qui arpentaient généralement ces ruelles étant quasiment toutes occupés au « U’re the Next » ou aux Docks à l’heure qu’il était et c’était tant mieux d’un côté étant donné qu’avec la foule qu’il y avait chaque nuit dans le bar, il était toujours plaisant de se retrouver en tête-à-tête avec soi-même avant d’y pénétrer. La cigarette finit bientôt par ne plus être fumable et se trouva jetée sur le macadam où elle acheva de se consumer sans qu’Aloysius ne daigne lui jeter un dernier regard. Il ne s’agissait que d’une vulgaire cigarette, il en avait déjà fumé des milliers et en fumerait certainement d’autres milliers avant la fin de sa vie, ça ne valait donc pas le coup de s’appesantir plus que nécessaire sur une. De plus, au bar plusieurs seraient de nouveau allumées, faisant du même coup oublier au jeune homme celle-là même qu’il venait de jeter. Dans la vie d’Aloysius Vasteels, rien ne restait longtemps ancré hormis ce qui était nécessaire à son pouvoir ; question d’efficacité.

Bientôt, les lumières crues, colorées et clinquantes du bar apparurent à son regard et le blond sentit un sourire menaçant naître instinctivement sur ses lèvres tandis qu’il continuait à avancer vers son but final. Conscient qu’il lui fallait se calmer, au lieu de directement pénétrer dans l’enceinte bruyante du bar, il sortit une nouvelle cigarette de son paquet désormais presque vite et l’alluma tranquillement, debout à quelques mètres de l’entrée du « U’re the Next ». Tandis qu’il rêvassait silencieusement à son prochain raid sur l’ancienne base militaire, une silhouette masculine qu’il n’avait pas vue depuis ce qui lui semblait être des lustres avança vers lui, éclairée par la lumière crue des spots extérieurs. La première pensée qui traversa l’esprit du Vagabond quand il reconnut à qui il avait à faire fut « que peut donc bien faire Seth Dowson, dans le coin ? » et ce fut sa seule vraie pensée jusqu’à ce que le sourire entendu de son vis-à-vis ne soit arrivé à son niveau. Pas que le blond ne soit pas ravi de retrouver celui qu’il considérait comme son ami le plus proche mais la présence de Seth dans les parages était tout de même surprenante. Quand ils s’étaient rencontrés, quelques années auparavant, dans leur futur natal, durant une période plutôt difficile étant donné que la nature était excessivement rationnée, le jeune homme ambitieux et destructeur avait immédiatement plu à Aloysius et ils avaient passé quelques mois ensemble à s’amuser aux dépends des autres avant de se quitter par un concours de circonstances. Depuis, ils se voyaient occasionnellement mais jamais dans le présent, ce qui était la raison principale de la surprise de l’héritier Vasteels. Accueillant le nouveau venu d’un signe de tête, Aloysius en profita pour ressortir le paquet de cigarettes de sa poche et le présenter à son ami d’un geste naturel :

- Tiens, un revenant, salua-t-il avec un soupçon de moquerie dans le timbre de sa voix avant de lui présenter son briquet pour qu’il allume sa cigarette.Alors, quelque chose de beau et de nouveau dans ta vie, Seth? Quel bon vent t'amène ici?

Il rangea ensuite les deux objets dans ses poches et tira une nouvelle fois sur sa propre cigarette, lâchant du regard son compatriote afin d’admirer les volutes de leurs fumées respectives qui se rencontraient pour former des ombres inquiétantes, parfaite représentation de la relation qu’entretenaient les deux Vagabonds. Lorsqu’ils étaient ensemble, les autres avaient toutes les raisons du monde de trembler.

Regardant avec intensité et joie son meilleur ami, Seth fut surprit de voir que la fatigue avait prit le dessus sur les traits, d'habitude si lisse et froid de son ami. Il lui offrit un simple signe de tête en guise de salut, et lui proposa une cigarette en lui tendant son paquet. Seth ne refusa pas l’offre et attrapa un bâton de tabac tout en restant impassible, même si à l’intérieur il était vexé par le maigre accueil que lui réservait Aloysius. Il lui donna son briquet et le blond en profita pour s’offrir un peu de chaleur tout en allumant sa cigarette et aspirant la nicotine avec délice. Seth, au contraire d’Aloysius, n’était pas accroc au tabac. Il lui arrivait de fumer, surtout en présence d’autres présences, mais il n’avait pas besoin du tabac pour se détendre. Il n’était de toute manière jamais stressé.

- Tiens, un revenant ! Alors, quelque chose de beau et de nouveau dans ta vie, Seth? Quel bon vent t'amène ici?

Une point d’ironie planait dans la voix d’Aloysius et Seth ne comprit pourquoi son ami employait ce ton avec lui. Il ne chercha pas à comprendre, et décida de le regarder fumer et créer de jolies ombres de fumées s’envoler dans les airs. Seth se perdit dans la contemplation de ce phénomène plutôt inquiétant mais qui au contraire le rassurait presque. Il pensa alors à sa dernière rencontre dans le présent avec une jeune femme plutôt sûre d’elle qui l’avait marquée. La blonde, dont il ne connaissait pas encore le nom l’avait ouvertement défié, mais il était certain qu’elle le regretterait. Il avait été plutôt déconcentré face à la jeune femme qu’il avait trouvé assez jolie, même merveilleuse. Habituellement, il n’avait aucun problème à faire face aux femmes, il n’était pas un donjuan, mais il savait contrôler ces demoiselles sans aucun problème. En fait, Seth avait eu très peu de relations avec les personnes féminines, et la blonde l’avait juste déstabilisé. Il reporta son attention sur Aloysius qui semblait calme comme toujours lorsqu’il fumait. Il se décida alors à parler:

-Est-ce un reproche ? Je sais que j’aurais pu me montrer plus tôt, mais j’ignorais si tu serais prêt à me recevoir, Ô grand maître !

Aloysius avait décidé de le provoquer, Seth répondait de plus belle. Le vagabond détestait se disputer avec les gens qui lui étaient proches, mais, il détestait aussi qu’on se moque de lui. Et en lui disant indirectement qu’il aurait pu prendre des nouvelles plus tôt, Aloysius le vexait. Certes, Seth n’était pas venu depuis des lustres dans son époque, mais Aloysius n’avait pas cherché non plus à le contacter. Ils étaient fautifs tous les deux, mais aucun des deux ne reconnaîtraient leurs tords, puisqu’ils étaient aussi têtus l’un que l’autre. Faisant un pas en avant, tout en jetant sa cigarette sur le sol et l’écrasant avec joie, Seth ajouta:

-Je vais rentrer.

Il passa alors devant son ami, sans le toucher et poussa la porte en bois massif du bar. L’ambiance à l’intérieur se fit découvrir aussitôt et on pouvait deviner que les habitués étaient bel et bien présents. La décoration n’avait pas changée, les néons étaient allumés et des dizaines de couleur éclairaient le lieu. Une ambiance festive se dégageait au centre, montrant une cinquantaine de personnes en train de danser, tandis que la majorité était affalée sur des coussins au bar. Seth soupira de consternation, c’était plutôt calme en fait. Il passa un bras dans ses cheveux, cherchant un endroit où s’installer et remarqua un coin libre près de la piste de danse. Sans aucune hésitation, il accéléra le pas pour s’y mettre et quelques secondes plus tard, un serveur qu’il connaissait depuis très longtemps vint lui souhaiter la bienvenue. Un sourire aux lèvres, Jack Stevens lui demanda:

-T’es de retour Reed ? Je te sers quoi, c’est ma tournée !

Quel enthousiasme débordant ! Aussitôt, le vagabond oublia sa petite dispute avec Aloysius et il sourit à son vieil ami. Jack n’était pas très jeune et d’aussi loin que Seth se souvienne, il avait toujours travaillé ici au U’re Next. Pour une raison que le blond ignorait, le vieil homme l’avait toujours appelé par son deuxième prénom, peut-être pour faire plus original ? En tout cas, Seth s’était toujours très bien entendu avec lui, et savait qu’il pourrait lui demander de l’aide si jamais il était dans le besoin. Avec un sourire encore plus large, le jeune garçon répondit:

-C’est gentil Jack ! Eh bien... sers moi un de ces cocktails dont tu as le secret !

Avec un clin d’œil, Jack nota sa commande et alla s’occuper d’une table voisine. Pendant ce temps, Seth se détendit, tout en observant la scène face à lui. Cette dernière avait été construite récemment, car le vagabond n’en avait pas le souvenir. Il se perdit dans la contemplation des danseuses et, il remarqua que l’une d’elle ressemblait étrangement à sa blonde du parc. Il détourna le regard, essayant de penser à autre chose, attendant sa boisson.

Sans daigner lui répondre, pour l'instant, Seth commença à observer attentivement les envoûtantes volutes de fumées que dessinait la cigarette d'Aloysius et ce dernier ne commenta pas, préférant continuer à tirer nonchalamment sur le bâtonnet de nicotine en laissant ses propres pensées déambuler au rythme toujours calme de la nuit. La rencontre avec Seth était plutôt une bonne chose, surtout qu'elle n'avait pas lieu dans le présent, comme l'avait d'abord cru le blond, mais bien dans le futur, ce qui faisait que l'étonnement qui l'avait précédemment assailli n'avait plus rien à faire ici. Capitulant face à sa propre confusion, l'héritier Vasteels réalisa qu'il avait vraiment besoin de dormir et se jura de quitter le plus vite possible les lieux, en donnant rendez-vous à Seth plus tard, pour pouvoir récupérer autant qu'il en avait la possibilité. La prise de cette résolution acheva de l'ancrer dans la bulle de zénitude que fumer créait autour de lui et c'est donc dans cet état d'esprit que son ami le trouva lorsqu'il jugea opportun d'enfin lui répondre :

-Est-ce un reproche ? Je sais que j’aurais pu me montrer plus tôt, mais j’ignorais si tu serais prêt à me recevoir, Ô grand maître !

La réplique mordante, à la hauteur de la répartie du blond, faillit faire sourire Aloysius mais il se retint à temps, jugeant qu'il n'aurait pas été de bon ton de réagir de la sorte. Il avait lancé les hostilités, il n'allait pas en plus mettre de l'huile sur le feu. Surtout que, dans la situation présente, l'intérêt était nul étant donné que Seth avait parfaitement raison : il n'avait rien à dire parce qu'il ne l'avait pas non plus inondé de messages pour lui demander de ses nouvelles. Évidemment, fidèle à son caractère nonchalant et arrogant, le jeune homme ne reconnaîtrait jamais qu'il venait de se faire rembarrer très justement par son ami alors il passa directement à autre chose tandis qu'entre ses lèvres, la cigarette rendait son dernier souffle. Il sembla qu'il en était de même pour celle de Seth car celui-ci l'écrasa joyeusement sur le bitume, quelques instants plus tard, avec de lancer avec une froide indifférence une information sur la suite de ses actes :

-Je vais rentrer.

Le fait que directement après, il dépasse en l'ignorant Aloysius et entre comme de de rien n'était dans le bar, fit lever les yeux au ciel à son ami mais il lui emboîta cependant le pas, une dizaine de secondes après. Derrière l'imposante porte en bois, l'atmosphère était étouffante à cause de l'obscurité ambiante à laquelle il était violemment opposé des néons aux lumières colorées crues et le blond faillit faire demi-tour, sentant la fatigue qu'il avait constaté précédemment avoir un brusque sursaut en se rendant compte de l'effort qu'il allait devoir fournir pour supporter l'ambiance. Faisant un nouveau pas dans les lieux, le regard vert détailla la foule qui se déhanchait avec plus ou moins d'aisance sur la piste avant de se poser sur les personnes installées sur les coussins, près du bar Ces dernières étaient plus nombreuses que les danseurs alors Aloysius comprit que la fatigue qu'il ressentait était partagée par la plupart des êtres présents au "U're The Next" et s'ébroua rapidement pour se réveiller avant de recommencer à avancer, sa démarche assurée revenant davantage encore à chaque pas qu'il faisait en direction de la table que venait d'investir son meilleur ami, jusqu'à ce qu'un de ses informateurs ne l'interrompe dans sa lancée, un tic nerveux secouant sa paupière supérieure gauche. Le regard fixé sur cette réaction nerveuse, Aloysius s'enquit de ce qui troublait tellement l'homme et celui-ci, un surnommé Maël, passa sa langue sur sa lèvre inférieure craquelée pour l'humidifier tandis que ses yeux semblaient observer quelque chose derrière l'épaule du blond. Comprenant que le problème était tout proche, ce dernier soupira tout en se tournant pour voir ce qui se trouvait dans la zone ciblée par le regard de l'informateur avant d'éclater d'un rire méprisant en se retournant vers l'homme qui paraissait désormais tout à fait perdu. Ce crétin avait une peur bleue de Seth Reed Dowson... S'empêchant de directement développer la cause de son sourire condescendant, il questionna son vis-à-vis sur les raisons qui le poussaient à tant stresser et croisa les bras sur son torse, avant de placer une main devant sa bouche, comme s'il réfléchissait tandis qu'il écoutait la pathétique réponse qui lui était obligeamment fournie. "Il a tué plus de vingt personne, monsieur Vasteels... C'est un homme dangereux qui n'hésiterait pas à vous affronter pour asseoir son autorité... ". A chaque phrase prononcée, Aloysius hochait la tête comme s'il comprenait parfaitement puis il finit par en avoir assez et arrêta l'homme en posant une main sur l'une de ses épaules, son sourire condescendant prenant plus place que jamais sur ses lèvres :

- Maël... Tu es un bon gars, en temps normal, tu me donnes de bonnes infos mais là... Là, tu aurais du savoir que monsieur Dowson et moi-même sommes amis, ce qui signifie que je sais que monsieur Dowson est dangereux mais qu'il ne va pas non plus me provoquer pour me voler ma place. Il sait parfaitement que partager mon pouvoir avec lui ne me dérangerait pas, nous sommes pareils... Ou presque. Tu comprends?

Mais, loin d'attendre la réponse de son interlocuteur qui bafouillait désormais des excuses inintelligibles, il le planta là et s'assit enfin à la table de son ami, lequel venait à l'instant de détourner le regard des danseurs qu'il regardait pourtant précédemment avec attention, une expression fermée brusquement posée sur son visage. Ne relevant cependant pas le fait parce que jugeant que Seth lui parlerait de ce qui le tourmentait, Aloysius alluma une nouvelle cigarette en laissant le paquet sur la table pour donner au blond la possibilité de se servir dedans, puis s'adossa plus confortablement au dossier de son siège avant de tirer une latte de sa drogue et de recommencer à parler :

- Tu es une terreur, même ici, monsieur Dowson.